Akiyo Eakage par intérim
Nombre de messages : 875 Age : 32 Armements : Les techniques des Higure, les "griffes" d'Akura Sensei,Equipe : Personne pour l'instant... mais qui sait Nombre de mission accomplies,Ryos : 500 Date d'inscription : 03/12/2007
| Sujet: Entraînement d'Akiyo (?) n°11- La Chasseresse Mer 11 Juin - 19:18 | |
| [HRPG]:Cet entraînement est positivement horrible. Désolée. Mais c'est quelque chose de difficile à écrire, et donc j'avais envie de le tenter... Âmes sensibles, n'allez pas plus loin.
Je suis lovée à l'intérieur d'un précieux fauteuil couvert de soie. Je dors. Pour combien de temps encore? Le besoin vient de prendre sa source à l'intérieur de mon corps. Cette envie que je ne peux nommer autrement que pulsion. Hmm... Je déteste ce mot. L'appel de la chasse conviendrait mieux. J'ai faim. Pas une faim physique, non, je n'en suis pas encore à me nourrir de cette façon. Dommage. Elle aurait compris que cela n'a rien de répugnant, en fait. C'est juste ma nature. Sa nature.
Je ne devrais pas être si dure avec elle. C'est elle qui m'a prêté ce corps, après tout, et elle a fait bien plus... Je ris intérieurement. Si elle n'était pas si aveugle, si blessée, elle s'en mordrait les doigts.
C'est devenu très fort. J'abandonne mon rêve pour entrer dans la réalité. Un rêve? Qu'est-ce que c'est que cela encore? Je ne rêve plus. Depuis si longtemps sans doute, que même elle ne sait plus ce que c'est que de rêver. Je dors simplement, toujours légèrement, sur mes gardes, de grandes siestes alanguies et voluptueuses. Comme les reptiles.
Mes paupières s'ouvrent sur des pupilles fendues. Je me lève lentement. Pas de précipitation inutile. De toute façon, je n'ai aucune raison de me presser. Et rien à craindre. Je marche doucement dans la pièce, ressens la fluidité de mes pas. La rapidité de ces gestes qu'hier encore, avec son corps débile, j'aurais été incapable d'accomplir. Je perçois les choses et les gens avec la précision d'un radar, et aucune variation de température n'échappe à la sensibilité de ma peau. Je suis une arme. Taillée pour la chasse. Qu'il est bon alors de sentir le sang couler dans mes veines !!!
Je sors dans la rue, et deviens folle d'excitation. Une brume rougeâtre danse devant mes yeux de serpent. Tant de sensations !!! Tant de couleurs, tant d'odeurs, démultipliées à l'infini, comme à travers un gigantesque kaléidoscope. Tant de proies à goûter... Comme elles paraissent appétissantes !!! J'en salive. Mais je suis surstimulée par cet éclatement des possibilités. J'en perds la tête. Je me mets à errer, n'importe où, dans les rues, et à mon passage, les gens pâlissent, crient, vont se perdre au loin, le plus loin possible de moi. Il est vrai que je suis méconnaissable. Ma mère même ne me reconnaîtrait plus. Je n'ai plus rien de commun avec la si fragile, si naïve Akiyo. Fuyez !!! Vous avez raison.
Mais le plaisir que j'ai en voyant blanchir leur visage n'est pas suffisant. Je suis privée de ma chasse. Et j'ai de plus en plus faim. Il s'agit de garder son sang-froid. Se concentrer sur un être en particulier. Qui donc a dit « Choisir, c'est renoncer? ». Celui-là est un grand sage. Mais il ne connaissait pas la joie immense du prédateur, qui, ayant enfin fixé son unique proie, s'attache à ses pas avec une tranquille assurance, sûr que finalement c'est lui qui aura le dernier mot. Attendant, n'ayant rien de plus à faire que d'attendre, jusqu'au moment propice ou à l'erreur fatale.
Totalement silencieuse, je détaille les quelques passants que la rumeur n'a pas encore alertés. Je m'enfile dans une ruelle, sans un son. J'ai choisi cet homme au manteau rouge. Parfait. Il n'est qu'à quelques pas. Sa nuque se balance devant moi, il est totalement inconscient du danger. La victime idéale... Un... Deux... Trois. Je m'élance.
Non !!! Qui ose me déranger? Ma peau crépite de rage. Elle semble avoir repris le contrôle. Mais est-ce moi, ou bien est-ce cette autre, qui pense à m'éloigner du village, à choisir un autre terrain de jeu? Je m'éloigne à regret. L'homme ne s'est même pas retourné. Pitoyable humain. Il continue sa route comme si de rien n'était, alors qu'il devrait pleurer de soulagement. Mais cela n'a plus d'importance. Je quitte Ea, suivant les bizarres visions de feuilles sèches, d'air piquant et d'arbres centenaires que mon esprit m'envoie. Pourquoi pas, après tout? C'est un terrain de jeu bien plus exaltant...
J'y suis. La faim m'emporte, la faim me guide, l'envie de faire ce pour quoi j'existe. Ce que les esprits faibles appellent le mal. Les sentiers se croisent et s'entrecroisent, mais je sens... Une présence humaine est passée à cet endroit. Elle y est sans doute encore. A quoi bon se cacher? Je la suis, et vibre littéralement de triomphe en constatant que c'est la bonne piste. La chaleur est plus intense, de ce côté. Craquements de feuillages. Je m'avance à découvert. Assouvir mes pulsions devient urgent. Tant pis. Il n'y aura pas de traque silencieuse. Les troncs s'écartent, et je débouche sur une petite clairière. Un amas de pierres irrégulières, où fument les restes d'un feu de bois. Quelques ellébores font sur le vert tendre des mousses des taches de mauvais augure. Sur la roche se dessinent, visiblement tracées il y a peu, les lignes sanglantes d'une grande rune.
Cette rune... Il me semblait l'avoir déjà vue quelque part. En un lieu, une époque, si détachés qu'ils semblaient appartenir à une autre existence. Si loin... Bon sang, elle se réveille. Je ne dois pas lui laisser le temps de réagir. Je fais connaître ma présence à l'homme assis à côté de l'âtre défunt. Sur son visage, le dégoût remplace la surprise, bientôt suivi d'une peur sans nom. Je jubile. Il fait quelques pas en arrière. Lentement. Comme s'il avait compris que toute résistance était inutile. De même, il n'a pas tiré son couteau, ni esquissé un seul mouvement de défense. Je regarde l'univers s'écrouler dans ses yeux fixes, et ce spectacle me remplit d'une joie sans nom.
J'ai bondi. Mes crochets se sont enfoncés dans la chair, nerveusement, fortement. Un frémissement me parcourt. Je sens la vie quitter ce corps. Il tressaille brusquement, ses paupières battent comme les ailes d'un papillon brûlé. Je termine tranquillement mon œuvre de destruction, sans me presser, injectant dans les veines un venin qui arrive trop tard. Déjà il ne bouge plus. Déjà mes crocs l'ont déchiré. Je le laisse tomber à terre, et contemple les yeux qui eux ne verront plus, plus fixes que jamais.
Je me délecte de ce bref moment d'extase comme d'un vin brûlant. Mais déjà elle retombe. Je suis maintenant rassasiée. Jusqu'à la prochaine fois... J'essuie sans y penser mon visage maculé de rouge. Elle se plaint, une pauvre plainte triste qui émouvrait mon coeur... si j'en avais encore. Tant pis pour elle. Elle s'est engorgée de haine et de douleur, et à présent elle en récolte les fruits. C'est la voie qu'elle a choisie, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même si elle n'en assume pas les conséquences. Après tout, nous faisons partie du même être... Je suis elle. Et elle est moi.
Je me rendors calmement. Tout va bien. | |
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