Pour situer la chronologie, cet entraînement se passe avant que j'arrive à Oto.
Akura arriva dans la vallée de la mort. Elle avait couru pendant des heures, à l'aveuglette, et maintenant qu'elle se sentait plus ou moins fatiguée, elle voulait s'arrêter quelques instants. Elle jeta un oeil au décor qui l'environnait... un paysage plat où stagnait un peu de neige. Elle marchait au centre de ce paysage que les rayons du soleil levant rendaient grandiose. Elle s'assit sur un rocher, dans un état proche de la transe.
Tout d'abord, elle pensa à sa mère qu'elle n'avait jamais connue. A quoi ressemblait-elle? Etait-elle une kunoichi? De quel village venait-elle? Etait-elle gentille? Ou avait-elle le même tempérament qu'Orochimaru??
Akura se répugnait à imaginer que sa mère puisse être une telle ordure. Elle se l'était toujours imaginée en ange gardien, lumineux, fantôme qui errerait... bien sûr, c'était faux. Aucun ange gardien n'aurait permis ce qu'on avait fait à Akura. Elle le savait bien. Avec amertume, elle murmura:
-... Si ça se trouve, elle n'est qu'un cadavre enterré...
Elle shoota un caillou qui alla se perdre dans la neige. Elle était amère de savoir que personne n'avait vraiment veillé sur elle... pendant tant d'années, elle avait dû se débrouiller seule... bien sûr. C'était comme ça... et maintenant, elle avait gardé cette méfiance... ce sentiment de danger... son village... elle ne voulait pas qu'Orochimaru le détruise.
Elle essuya une larme furtive qui se profilait au coin de son oeil. Sa vue se brouilla quelques instants. Elle ferma les yeux... quand elle les rouvrit, elle vit une silhouette qui se profilait sur la lande... Akura avait le soleil dans les yeux, elle ne pouvait pas voir qui c'était. Cependant, elle resta sur ses gardes, comme à son habitude. La personne continuait à marcher... malgré son état d'éblouissement, Akura pouvait voir que c'était une vielle femme. Elle était courbé, portant un grand sac sur son dos. Akura s'approcha d'elle et, machinalement, lui dit:
-Vous... vous avez besoin d'aide?
Akura ne pouvait pas apercevoir son visage, car elle était encapuchonnée. La dame âgée lui répondit:
-Ce serait tellement gentil, mon petit... mais d'abord, je vais me reposer quelques instants.
Elle s'assit à coté d'Akura, puis posa son sac. Elle le désigna, tout en continuant de parler:
-Vois-tu, dans ce sac, il y a des cailloux... il y a très longtemps, j'ai été forcée de les ramasser. Une fois libérée, j'ai continué à toujours les porter avec moi... durant toute ma vie... et dès que je serais rentrée chez moi, je pourrais mourir en semant ces pierres... car je sais qu'un jour quelqu'un les reprendra...
Akura ne dit rien: la présence de la vielle l'apaisait. Elle finit cependant par articuler:
-Ça ne vous servira rien de porter ces pierres... qui vous dit que quelqu'un les transportera!? Vous avez peut-être passé votre vie à faire quelque chose d'inutile!!
La main ridée se posa sur l'épaule d'Akura tandis que l'autre découvrait le visage de la vielle dame.
C'était un visage d'ange. De longs cheveux blonds aux reflets rosés tombèrent sur les épaules de cette femme, en cascade. Ses grands yeux noirs, pareils à ceux d'Akura, brillaient d'une lueur maligne. Akura resta plantée là, bouche ouverte, les yeux écarquillés. Elle cligna des yeux... et tout disparut. La vielle, le soleil... la neige. Elle tendit la main vers l'endroit où s'était assise le fantôme de sa mère, les larmes aux yeux. Elle vit, au pied du rocher, un petit sachet de caillou. Elle l'ouvrit, et y découvrit, en plus de minuscules pierres, une lettre;
Ma fille,
Il y a des gens qui tiennent à toi en ce bas monde. Tu es courageuse d'avoir supporté ta solitude, mais à présent, tu n'es plus seule. Il y a un temps pour tout; la trahison, que ton père m'a réservé, la souffrance, que tu as connue mieux que personne, et la renaissance, qui sera ton ère. Prends ces cailloux avec toi, et donne-les à ceux qui auront le courage de les prendre et de suivre ta route.
Je t'aime,
Kimi, ta mère
Akura serra la lettre contre son coeur...
-Maman... maman...
Elle resta ainsi quelques minutes, puis partit, un sachet de cailloux dans sa poche.