La maison d'Akura- vous n'aimerez pas y habiter

C'est étrange de se dire qu'une kage puisse avoir un chez-soi autre que son village (plus précisément son bureau), mais c'est le cas. Akura a bel et bien une maison, et ça fait bizarre de se dire que cette maison n'est pas au centre du village. Pour dire vrai, elle est même au-dessus, accrochée, suspendue à la montagne. Ce n'est pas une imposante bâtisse, au contraire, elle est ridiculement discrète...

La maison d'Akura est en bois et en pierres. L'architecture n'a rien de remarquable, à part le fait que la maison tienne contre le mur à l'aide d'un peu de chakra- et qu'absolument tous les murs sont peints en blanc. On y accède à l'aide de deux échelles; l'une partant de la vallée, l'autre du sommet de la montagne. Akura a souvent la flemme d'y monter, mais c'est le prix à payer pour la solitude qu'elle recherche. Car une fois arrivée là-haut, plus rien ne peut la troubler, et elle se sent libre, dans l'immense espace aérien.

Sa maison consiste en une salle de bain, une chambre, un salon (qui lui sert aussi de cuisine) et une large terrasse qui entoure les faces visibles de la bâtisse. Elle y passe beaucoup de temps, appuyée contre la rampe, occupée à contempler le paysage... et la neige... qui tombe...

Akura grimpa habilement l'échelle qui menait à sa demeure jouxtant les cieux. Elle arriva sur le balcon, où elle se laissa tomber, épuisée. Elle avait couru longuement dans le village d'Iwa, comme si le fait de se fatiguer suffisait à répondre à ses questions... comme si ça suffisait à éloigner le mal en elle... le mal qui était le sien...

Pourquoi?

Pourquoi Eichiro l'avait remarqué, elle, cette fille dont personne ne voulait, cette fille méchante et lâche? Pourquoi l'avait-il embrassé en partant? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement profiter de ce bonheur?

Elle sentait sa tête tourner en y repensant. Elle se sentait perdue. Peut-être parce qu'elle avait trop de sang sur ses mains et sa conscience. Elle se tourna, et regarda la neige tomber. Ses yeux, chose inhabituelle, virèrent au brun. Elle était... quasiment sur le point de péter les plombs. Kara était à jeun depuis un mois et Akura devenait faible de plus en plus qu'elle la contenait...
Dans sa tête, trop de questions. Elle avait peur de continuer, car un jour, il se pourrait qu'elle puisse blesser quelqu'un... quelqu'un comme Akiyo... ou Eichiro. Et maintenant qu'elle avait des gens qui semblaient tenir à elle...

Elle regarda la bague à son doigt en soupirant. Elle était complètement paumée... il ne manquerait plus que son père trouve son village...

*S'en serait fini de moi...*

Akura s'était endormie sur son balcon. Quand elle se réveilla, la glace avait recouvert son corps... son fameux "linceul de glace"... Elle s'étira, pareille à un lynx, et se remit péniblement debout. Elle tituba...

Et c'est à l'instant qu'elle vit le corbeau.

L'oiseau noir lissait ses plumes, une enveloppe dans le bec. Akura alla chercher une assiette et des graines et nourrit le volatile avant de récupérer la missive... elle aurait dû sentir l'arnaque quand elle sentit une brûlure dans sa paume. Mais rien, elle s'installa sur sa chaise et lu la lettre.

"Ma très chère fille Akura,

J'ai découvert l'existence de ton village caché. Je tenais juste à te le dire... et à te rappeler le pourquoi de ton existence. Tu es mon arme, une arme dangereuse... alors à quoi te servirait-il de te faire des amis? Mais bref, tu sais que j'ai moi aussi un village... je suis content que tu marches sur mes traces... ma très chère Akura... malgré tout ce que tu dis...

A propos, ce corbeau est une offrande, accepte-la.

Orochimaru

Elle plaqua sa main contre son coeur, sa respiration se fit saccadée.

-Non... ça ne peut pas être possible...

Elle tomba à genoux, et hurla. Elle hurla sa haine, sa peur... et son envie d'en finir... et de vivre.

Elle ne pouvait plus continuer ainsi...

Elle devait partir...

Ce qu'elle fit. Elle s'en alla, sans regarder où elle allait.

Akura apparût sur son balcon. Elle avait réussi sa téléportation depuis Konoha... après tout, là, elle ne s'était pas fait déconcentrer. Elle ouvrit la porte de sa maison, et y entra, sans allumer les lumières. Elle s'écroula sur un fauteuil, blanc bien sûr, puis se mit à pleurer. Des larmes rouges comme le sang, mais qui n'en étaient pas. Elle se maudissait d'avoir succombé à l'illusion de Kemi, et serrait les poings à s'en faire mal. Elle s'était toujours figurée indestructible, après tout, on ne pouvait pas la tuer avec des armes... mais on pouvait la tuer autrement. Elle observa ses mains pâles tachées de rouge, et se mit à penser:

*Si je n'étais pas née... qu'est-ce qui aurait changé?*

"Ce qui aurait changé? Des milliers d'enfants innocents ne seraient pas morts dans d'atroce souffrances, un village faible et paumé n'aurait pas eu lieu d'être, et la terre ne vivrait pas dans la crainte d'un danger permanent...

Les yeux d'Akura s'agrandirent.

*Non, pas elle...*

"Tu fais partie de ces... choses qui constamment mettent des millions de vie en danger... je ne m'en plaint pas..."

*C'est toi qui me rend dangereuse.*

"Pourtant ce n'est pas moi qui ai frappé ton amie... ou torturé Kizuno... dangereuse et cruelle, tu l'es toute seule, Akura."

Akura se prit la tête entre les mains; c'était vrai... là Kara n'était pas intervenue...

"Ce n'est pas parce qu'un imbécile te sort des énormités comme: "Je t'aimerais quoi qu'il arrive" qu'en réalité il te supporte. Réfléchis... qui voudrait de toi? Tu as un caractère horrible, et tu es méchante et cynique..."

Akura ne répondit rien; son âme ne s'était pas matérialisée à coté d'elle, mais elle le savait; elle n'était plus en forme du tout. Elle s'allongea sur le fauteuil et s'y endormit, pleurant pendant tout son sommeil.

Neuf heures et demi du matin. Quelques oiseaux frigorifiés trouvent encore l'énergie de chanter. Akura se réveille. La première chose qu'elle aperçoit, c'est son âme, allongée tristement sur le sol, saignant du sang cristallin. Affolée, Akura prend sa mini-elle et la secoue doucement. La mini-Akura finit par ouvrir doucement les yeux, et Akura sent qu'elle y a mit toute sa peine.

-Qu'est-ce qui s'est passé?

La voix de son âme répond doucement;

-C'est Kara... elle m'a griffée toute la nuit...

Akura serre son âme contre elle, et lentement la forme de vie se fond en elle. Akura se souvient de la discussion qu'elle avait eu avec Kara... elle regarde le paysage; après la neige le gel. Des immenses stalactites pendent de son balcon. Ce paysage lui redonne courage; les montagnes ne l'abandonneront jamais. Akura se lève, se rendant compte que chaque geste lui coûte... visiblement Sachiko ne lui a donné que juste assez pour rentrer... Akura s'enveloppe dans un manteau noir et sort. Elle sait où elle va; les portes d'Ea, pour attendre ses amis.

Akura apparût derrière la porte. Elle se tenait le ventre, ressentant à présent tous les effets du poison. Mais elle souriait, et son pas était léger. Elle pris son journal avec elle, s'habilla d'un kimono de cérémonie, puis devant son miroir se coupa les cheveux. Elle inspira et expira calmement, avant de faire le tour de sa maison. Puis elle grimpa à l'échelle qui la menait au sommet de la montagne et depuis là jeta en contre-bas une allumette. Sa maison s'enflamma, et Akura continua de monter les échelons... il lui restait encore quelque chose à faire...

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