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 Acte II : Incubus (Le Cauchemar)

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Akiyo
Eakage par intérim
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Akiyo


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Acte II : Incubus (Le Cauchemar) Empty
MessageSujet: Acte II : Incubus (Le Cauchemar)   Acte II : Incubus (Le Cauchemar) EmptyDim 8 Juin - 14:28

Akiyo s'était arrêtée lorsqu'elle avait vu de la neige remplacer la terre. La jeune kunoichi s'était immobilisée, savourant la paix du lieu, sans cesser de penser que c'était stupide. Sans ses angoisses, elle ne ressentait plus l'impression d'urgence qui l'avait poussée à quitter le village. Elle restait au milieu de ce grand nulle part blanc, et une question se faisait de plus en plus pressante dans son esprit.

« Qu'est-ce que je fais là? »

Le charme des Plaines agissait déjà. Akiyo sentait toute trace de crainte la quitter. Elle ferma les yeux. Elle n'avait jamais vu un tel silence. Un silence d'un autre monde. Elle avait l'impression d'être le seul être vivant qui restât sur Terre. L'apocalypse, la fin de tout, devait ressembler à cela. Elle chassa rapidement cette pensée, et laissa monter en elle un incroyable sentiment d'abandon.

Il était écrit que ce répit ne devrait pas durer très longtemps.

Là-bas, sous la Lune, une silhouette floue était immobile. Lorsque la jeune shinobi la distingua, elle éprouva une désagréable impression au creux de la poitrine. Son instinct se réveillait. Et l'expérience lui avait appris qu'elle ne devait pas ignorer son instinct. Sur ses gardes, griffes luisantes à son poing crispé, Akiyo s'approcha prudemment de l'ombre, jusqu'à parvenir à sa hauteur.

Elle le vit.

Et eut un coup au coeur.

Lentement, comme si elle évoluait dans un rêve, elle s'avança, les yeux levés vers ce visage que, malgré tous ses efforts, elle n'avait pas réussi à oublier.


-Orochimaru, siffla-t-elle entre ses dents serrées.

-Très chère Akiyo.

Il n'avait pas bougé. Il avait cette voix... Cette voix doucereuse, comme du miel où se cachaient les dards, cette voix enchanteresse, celle qui avait transformé ses parents en pantins soumis et serviles et qui avait failli la faire succomber aussi... Cette voix qui, sous sa feinte douceur, l'atteignait, la mutilait, perçant au plus profond sa carapace de calme.

Il n'avait pas bougé, et soudain la haine déferla en elle. Ce fut comme une brûlure. Elle ne voyait plus, elle ne percevait plus rien autour d'elle, le monde tremblait. Seul comptait cet homme, dont toutes les cellules de son corps lui hurlaient qu'il était son ennemi.

Elle devait -il fallait qu'elle retrouve le contrôle de soi-même

-Que fais-tu ici? Qu'est-ce que tu cherches?, demanda-t-elle, mettant dans ses paroles tout ce venin qui menaçait de la faire exploser. Avec une lenteur mesurée, Orochimaru commença son explication.

-Ce que je cherche? Le pouvoir, bien sûr... Cette force que tu peux m'apporter...

Akiyo serrait les dents.

-J'ai fait plusieurs erreurs, vois-tu. J'ai sous-estimé le pouvoir des Bijuus. J'ai laissé ma fille survivre alors qu'elle portait Kara, et puis... Toi aussi je t'ai laissé échapper.

Il continua, sa voix trahissant à présent une fureur contenue. Sa main pâle s'était levée dans la clarté blanchâtre qui tombait du ciel, et ses yeux de reptile restaient fixés sur Akiyo.

-Durant des mois... Des mois je t'ai prise sous mon aile, j'ai vécu près de cette force dont je ne mesurais pas encore l'étendue. Je t'ai laissée filer, et puis, les années passant, j'ai oublié Hachibi, j'ai oublié que tu étais un réceptacle. Je ne suis même plus sûr de l'avoir jamais su un jour.

Où voulait-il en venir?

-J'ai changé d'objectif, Akiyo. Je recherche maintenant de nouvelle formes de puissance. Un Bijuu donne à celui qui le contrôle un pouvoir considérable. J'étais en train d'effectuer des recherches, jusque-là infructueuses, mais ce que je trouve ici dépasse toutes mes espérances... Tes parents sont décidément de bons informateurs.

Elle ne devait pas s'effondrer, même si elle en mourait d'envie. La tristesse venait de s'abattre sur elle, avec la puissance d'un coup mortel. Mais, plus forte que la tristesse, il y avait cette haine, cette haine qui montait en elle comme une marée furieuse. Elle savait à présent qu'elle pourrait tout entendre. Orochimaru eut un sourire ravi.

-Je suis venu reprendre mon bien...

Sa main se referma brusquement. Akiyo répliqua :

-Tu ne m'auras pas sans combattre !!!

Son sourire s'élargissait de seconde en seconde, en même temps que montait le désir d'Akiyo de lui arracher du visage. Elle regardait cet homme, et se souvenait des petites maisons alignées du village de son enfance. Du jour où elle avait compris que jamais elle ne serait pareille aux autres. Elle avait vu cette chose dans les yeux des autres, qu'elle avait appris à reconnaître comme de la crainte, ou du dégoût. Et puis il était venu, et elle s'était laissée prendre. Captiver. Comme une imbécile. Aujourd'hui... Aujourd'hui...

Elle ne put y tenir.
Vive comme l'éclair, oubliant toute prudence, elle saisit un kunai, et se jeta sur celui qui avait brisé son existence entière. Qui lui avait volé son enfance. Le sang pulsait à ses tempes, et son corps entier s'était braqué sur l'objectif. Une haine inextinguible brûlait en elle, et elle brandissait l'arme à bout de bras, tendue. L'envie de lacérer, de blesser, de mutiler Orochimaru, de tout faire pour que ce sourire insupportable s'éteigne.

Il se rejeta en arrière, s'effaçant devant la morsure de la lame. Il avait légèrement blêmi, mais bientôt, un rictus de serpent naquit de nouveau sur ses lèvres.


-Tu ne pourras jamais arriver jusqu'à moi.

C'était un simple constat. Orochimaru leva le bras dans l'air froid. La plaine se couvrit alors de silhouettes noires.

Akiyo s'était arrêtée. Elle regardait ces dizaines, ces milliers de corps sombres semblables à des spectres surgis de la brume. L'immense masse de ceux qui avaient choisi de suivre son ennemi, quitte à tout lui sacrifier, même la vie. L'armée noire d'Orochimaru.

Akiyo n'en revenait pas. Elle n'arrivait pas réaliser que son ennemi avait rassemblé tant de fidèles. Leur monde devait être bien cruel pour qu'ils en soient réduits à faire ce choix. Mais peu lui importait.
Le katana chuinta en sortant de sa gaine.
Un éclair dans la nuit.
La shinobi était lancée.
Akiyo frappait et frappait encore. Les mouvements de ses bras étaient rapides, précis, et toujours mortels. Elle fendait l'air de sa lame, bondissait, s'élançait, traçant dans les chairs des sillons rouges dont on ne pouvait se relever, répandant le sang sur la neige dans des flots chauds et bouillonnants.
Peu lui importait.
Ces hommes, pour elle, avaient perdu toute humanité. Ils n'était plus que le bouclier de celui qu'elle cherchait à atteindre, les briques anonymes et indissociables du mur qu'il s'étaient érigé pour sa défense. Un mur qui devait être détruit. La haine qui flambait dans ses yeux violets avait suffi à la transformer. Elle était en train de réaliser le pire, le plus grand des carnages, et elle ne s'en rendait pas compte, aveuglée qu'elle était par la volonté de l'atteindre. Hachibi, cette fois, n'y était pour rien. Elle avait perdu le contrôle.
Les corps tombaient dans la neige comme des épis de blé fraîchement fauchés.
Akiyo s'ouvrait une brèche dans l'entrelacs compact des hommes. Le mur se lézardait peu à peu.
Soudain il s'effondra.

Plus un homme ne resta, et Akiyo et Orochimaru se retrouvèrent à nouveau seuls face à face. La jeune kunoichi avait le souffle court. Son katana pendait, inerte, dans sa main crispée toujours ornée de griffes, et sa respiration se calmait peu à peu. Soudain elle prit conscience de l'humidité de son kimono, de l'odeur de mort qui l'imprégnait. Orochimaru s'était approché.


-Tu as fait des progrès, Akiyo. Je vois que tu as su tirer profit de mon enseignement...

Elle ne répondit rien. Elle tremblait, sonnée par l'horreur de son acte. Le dégoût d'elle-même l'assaillit. Il y avait longtemps... Elle prit sa tête dans ses mains, appuyant de toutes ses forces ses poings contre ses tempes. Jamais son envie de disparaître n'avait été aussi forte. Mais il s'approchait toujours. Il ne lui laissait pas le choix. Il la forçait à se battre, dût-elle ensuite regretter ce combat jusqu'à son dernier jour.

L'expression qu'elle lisait sur son visage la glaça.

Il s'avança vers elle, et des serpents surgirent des replis de ses manches, cherchant à l'enserrer. Pour la seconde fois, elle s'élança, rentrant au corps à corps. Ses poings étaient tendus en avant, brillants des griffes fatales.

« Akura, toi qui le hais autant que moi... Aide-moi !!! »
Les armes offertes par sa Kage lui apportaient force et réconfort. Comme si elles avaient possédé, en cet instant, une quelconque vertu magique. Akiyo le sentait, alors qu'elle fouillait dans le nœud de reptiles, à la recherche du coeur d'Orochimaru.

Il recula. Une plaie béante l'avait marqué. Contrairement à la fois précédente, Akiyo ne ressentit nul remords. Elle frissonna en s'en rendant compte. Quand était-elle devenu si froide? Quand avait-elle renoncé à s'émouvoir?
Sa haine la marquait au fer rouge, la changeant en machine à tuer. Elle leva les bras, à la recherche de la technique la plus horrible qui puisse blesser son adversaire.

Et se figea.

Deux personnes venaient d'apparaître devant elle. Deux shinobi qu'elle n'avait pu s'empêcher de reconnaître.

La femme aux cheveux châtains s'avance la première, d'une démarche souple de jeune fille. Elle reste là. L'homme qui la suivait s'arrête également, à deux pas d'elle, étendant sur les épaules de la femme sa grande ombre rassurante. Il dégage toujours cette impression de calme et de sécurité. Ses cheveux aile-de-corbeau brillent sous la Lune.
Tous les deux sont vêtus de noir.


« Maman... Papa. »


Akiyo a suspendu son geste. Elle brandit la griffe de sa main droite, dans un effort dérisoire, et croise leur regard. La griffe retombe. Des larmes chaudes perlent à ses yeux, noient son visage. Sa main tremble. Elle est incapable de frapper.

Les prunelles violettes de sa mère happent Akiyo. Elle est surprise par ce qu'elle y lit. Jamais elle n'a vu plus grande tendresse. Le regard lui parle, lui dit d'avoir confiance, car elle est sa fille, et qu'elle a toujours regretté de l'avoir abandonnée. Parce qu'elle veut tout recommencer à zéro, et qu'elle la supplie de bien vouloir lui pardonner. Parce qu'elle l'aime.

Akiyo fait un pas en avant, puis un autre. Elle va retrouver sa mère.

La lame s'enfonce dans son ventre, tandis que la bouche de sa mère jubile. Le regard se durcit, laissant exploser tout son mensonge.

Au même moment, les filins d'acier lancés par Orochimaru dans le noir enserrent ses membres. Elle est prise. Les cordes viennent s'enrouler autour d'un des arbres de la plaine, la laissant à sa merci.

Elle saigne. Les cordes la serrent contre l'arbre, à l'étouffer. Elles entravent ses jambes et ses bras, s'enfoncent dans sa gorge; la laminent. Un goût douçâtre remonte dans sa bouche, et elle garde toute son énergie à tenter de maintenir ses paupières ouvertes. Elle contemple, avec un regard vide, la petite flaque qui grandit à ses pieds. Elle n'aurait jamais cru qu'elle puisse saigner autant. Malgré la protection de Hachibi, sa mère a réussi à l'atteindre. Sans doute y avait-il du poison sur sa lame... Les cordes finissent le travail que la lame a commencé. Prise d'une soudaine inquiétude, Akiyo scrute l'ombre. Mais rien. Ils ont disparu, sans doute occupés à une besogne plus importante.
Sa tête retombe sur le côté.
Ses doigts faibles effleurent l'écorce rêche de l'arbre. Doux endroit pour mourir... Son regard se perd une dernière fois dans l'infini des plaines enneigées. Alors c'est ça la fin? Cette sensation de vide, d'engourdissement? Rien d'autre?
Elle sent une présence. Orochimaru.

Elle décide qu'elle ne va pas mourir tout de suite. Pas avant de l'avoir emporté dans la tombe avec elle. Il la considère avec dans l'œil la lueur du chasseur. Prend la parole.


-Tu as perdu.

« Pas encore... »


Sa rancoeur la pousse à tenter de se libérer. Elle s'agite dans les cordes, mais celles-ci la maintiennent trop étroitement. Chaque battement de son coeur lui fait perdre un peu plus de sang. L'immobilité, et la douleur lancinante en arrière-plan. Pourtant, il lui faut agir. Elle doit le tuer.
Akiyo regarde le ciel, pensant pouvoir puiser de l'énergie dans les étoiles. Mais de gros nuages obscurcissent le ciel, la coupant de toute lumière stellaire ou lunaire. Elle maudit intérieurement sa malchance.
Orochimaru semble s'être rendu compte de sa frustration. Il sourit, d'un réel sourire de sadique.

-Tu me ressembles, Akiyo...

-Non !!!

Elle voulait crier. Elle ne réussit qu'à gémir. Le coup à porté. Akiyo ne peut faire un seul geste, ne peut s'empêcher d'écouter, tandis qu'il continue.

-Toute cette carapace dont tu t'entoures, ces illusions dont tu te flattes, ne changeront rien. Nous sommes, à jamais, de la même nature. C'est la haine qui te soutient et qui te fait vivre. Tu as vécue rejetée et haïe, et maintenant tu me hais, comme si cela pouvait changer quelque chose !!! Nous avons tous deux une arme au fond du coeur, une arme qui nous rend forts...

« Il a tort... Il a tort... C'est faux... »

Mais sa volonté faiblit, tandis que les paroles empoisonnées font leur effet. Il est tout près maintenant, et lui saisit la mâchoire. Son visage n'est plus qu'à quelque centimètres du sien. Elle se débat.

-Alors, viens à moi, ma chère apprentie !!!

Les crochets s'enfoncent dans son cou. Un éclair de douleur l'aveugle.

Orochimaru libère celle qui est désormais aussi inerte qu'une poupée de son. Les cordes se relâchent et Akiyo s'affaisse dans la neige.

-Je reviendrai...

Et il s'évanouit dans l'ombre.

Akiyo se relève en tremblant. Elle se hisse péniblement sur ses jambes.
Est-ce que? Non, ce n'est pas possible.
La marque. La marque maudite. Elle ne peut pas le croire. Mais elle ne la libérera jamais. Elle ne la laissera jamais s'étendre sur son corps. Sa seule puissance lui suffit, elle lui paraît même parfois bien trop grande pour elle.
Mais...
Une peur irraisonnée la saisit soudain. Une peur trop grande pour qu'elle puisse la réfréner.
Elle vogue désormais à la limite de l'inconscience. Machinalement, elle compose les signes qui créent un ninjutsu médical. Plus rien ne sera jamais pareil.
Un cauchemar. C'est un cauchemar.
Mais la petite marque noire, au creux de son cou, lui rappelle que cela n'a rien d'un rêve.
Il faut qu'elle rentre au village.
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