Entraînement d'Akiyo n°1 : O-Babasan des Cimes

Mon premier entraînement, dédicacé spécialement à Sachiko... ^^
Où je découvre, malgré moi, un bien étrange pouvoir...


Akiyo en avait marre. Voilà des heures qu'elle marchait sur cette fichue montagne, et ce sans rien trouver. Elle n'en pouvait plus. Il suffisait de regarder ses genoux écorchés et son étui à shurikens presque vide pour deviner les efforts qu'elle avait fourni, et l'expresion même de son visage, où la déception le disputait à une rage mal contenue suffisait à se rendre compte qu'ils avait tous été vains.

Intérieurement, elle fulminait. Elle avait pourtant fait périr de nombreuses créatures, des oiseaux, des lynx, et des prédateurs variés étaient tombés sous ses coups, la durée de leur vie ayant été raccourcie sans qu'ils ne s'y attendent par le froid mortel d'un kunai ou la chaleur tout aussi dangereuse que les pouvoirs de son clan avaient fait naître au creux de ses mains. Mais pas une seule fois elle n'avait ne serait-ce qu'aperçu l'étrange animal que la vieille lui avait mentionné.

« Bon sang... »

Elle s'assit tranquillement, le dos contre le roc brun, en tentant de remettre de l'ordre dans son esprit. Au fond d'elle, le Serpent, réveillé, lui susurrait:

« Comme ce serait facile, si tu me libérais, de trouver cette sale bête et de l' anéantir... Un vrai jeu d'enfant... Tu n'as qu'à laisser libre cours à ta colère... Je me chargerai du reste... »

Akiyo se retint de lui hurler une injure. Si elle était sûre que Hachibi aurait pu l'entendre, elle aurait ainsi signalé sa présence à la moitié des montagnes. Or elle tenait à rester discrète. Elle se contenta donc de penser le plus fort qu'elle pouvait:

« Tais-toi. Laisse-moi en paix. »

Elle était certaine que Hachibi n'aurait rien rêvé de mieux que de rendre ces cimes encore plus désertes qu'elles ne l'étaient déjà. Mais ce n'était pas son souhait. Contrairement à ce que l'on aurait pensé, Akiyo ne tuait pas pour le plaisir. Elle ne répondait que si on la blessait, physiquement ou mentalement, ou encore sous l'effet du danger ou de la peur. Ou encore, comme tout shinobi, pour accomplir une mission, bien que cela la fît souffrir. C'est pour cela qu'elle tentait de son mieux de réfréner les instincts meurtriers de Hachibi, qui se communiquaient parfois à sa propre âme, et que chaque nouveau méfait de son Bijuu la rendait un peu plus incapable de se regarder en face.

Son esprit, à présent libéré de l'influence perverse du Serpent, partait à la dérive. Elle regrettait de s'être engagée si vite. Elle n'avait aucun besoin de partir s'entraîner si loin, et aurait pu rester à Ea, entourée des siens. Qu'était-elle allée faire dans cette galère? Pourquoi avait-elle été voir ce Jounin, pour lui demander des indications sur cette femme qu'il connaissait? On la disait douée de pouvoirs mystérieux et d'une grande sagesse, comme lui avait expliqué le brave homme, un respect presque religieux dans les yeux.


Elle était venue voir le Jounin, et lui avait déclaré tout net :
-Je veux devenir forte. Il paraît que tu sais comment faire.
-Mais vous êtes déjà forte, Akiyo-sama. Vous êtes le bras droit de notre Eakage!

Après un temps, elle avait dit:
-Il me faut plus de pouvoir. Je veux être capable de protéger Ea, quoi qu'il arrive.
L'homme avait paru un moment perdu dans ses pensées. Puis il avait répondu :
-Je connais peut être la personne qu'il vous faut...
-On m'a dit que tu connais une shinobi..., avait commencé Akiyo, avant de s'interrompre, et de laisser, attentive, le jeune homme commencer son récit.
-Shinobi... elle l'était, m'a-t-elle dit, mais elle mène à présent une vie de recluse, dans les montagnes. Je ne l'ai visitée qu'une fois, alors que je m'étais perdu dans ces damnées pics, et que je charchais un refuge. Sa vue m'a laissé une forte impression. C'est une femme sans âge, vous savez, et elle parle comme un être sage. Je ne serais pas étonné qu'elle connaisse des techniques disparues.
-Et comment se nomme-t-elle?
-Elle ne m'a pas donné son nom. Ici, lorsque j'en parle, nous l'appelons O-Babasan, l'Ancêtre des Cimes.
-Entendu. J'irai la trouver.


Et Akiyo avait marché, marché, traversé le pays pour arriver aux montagnes, puis erré entre les rocs désolés, pour enfin, au point du jour, découvrir une misérable cahute nichée dans un creux de rocher : la demeure de l'ermite.

Elle y avait pénetré comme on pénètre dans un temple. La femme était là, faisant cuire sur un feu quelque chose qui ressemblait à une soupe de champignons. Lorsqu'elle s'était retournée, Akiyo avait eu un coup au coeur.

L'être qui lui faisait face n'était pas humain. La vieille femme avait traversé tant de saisons qu'elle avait abandonné sa peau de femme et qu'elle paraissait être devenue une créature fantastique, une sorte de faune. Sa peau était si ridée qu'elle semblait taillée dans le bois, mais au milieu de son visage de prune séchée, ses yeux brillaient comme ceux d'une enfant. Et sa voix semblait être celle de l'eau même, une voix qui avait traversé de petites sources claires et des grands torrents bouillonnants.

Les deux femmes parlèrent longtemps. O-Babasan avec la majesté d'un sage, Akiyo avec la timidité d'une élève, qui ne sait rien et qui a tout à apprendre. Lorsque cette conversation prit fin, la jeune shinobi savait exactement ce qu'il lui faudrait faire.

-Tu chercheras l'Oiseau, avait dit la vieille, et tu lui arracheras sa plume rouge. Alors tu n'auras plus besoin de revenir me voir, car le pouvoir de décrypter les âmes sera déjà en toi.

Puis elle lui enseigna les signes qui lui permettraient de lire dans les pensées. Akiyo partit pleine d'une confiance sereine.

Sa confiance s'était légèrement évaporée, hélas. C'est bien joli, la confiance, mais ça ne dure pas. Elle était sûre d'avoir parcouru au moins trois fois chacune de ces maudites montagnes, et elle n'avait pas vu une seule plume rouge (et pas une seule plume tout court, d'ailleurs).

« Mais pourquoi tous ces sages parlent-ils toujours par énigmes?! Raaah!!! »

Elle donna un coup de poing dans le rocher devant elle. Ce qui ne l'avançait à rien, évidemment.

Croyait-elle. Comme si la pression de son poing sur le roc l'avait déclenché, elle entendit soudain un long cri sauvage.

-KIIIIIIIIIIIIIII!!!!!

L'Oiseau. Sans même l'avoir vu, elle savait que c'était lui. Mais elle ne s'attendait pas à ce qui lui fondît dessus. Il était absolument immense. Un monstre. Son plumage était d'un bleu ciel, déroutant dans ces montagnes, à l'exception d'une unique plume de son dos, qui luisait d'un rouge vif. Akiyo gémit quand l'une de ses serres entailla sa cuisse droite, malgré la protection de Hachibi, qui se tenait sur ses gardes, à moitié réveillé.

« Non. Je ne veux pas le tuer. »

L'Oiseau avait fait volte-face et se préparait à fondre sur elle une nouvelle fois. Akiyo effectua des signes à une vitesse hallucinante (il le fallait bien, si elle ne voulait pas finir en charpie).

-Asahi Bunshin no Jutsu !!!

Trois clones solaires étaient apparus, et ils remplirent merveilleusement leur office. Leur lumière étincelante aveugla l'Oiseau qui manqua sa cible. Il alla s'écraser sur le sol, trois mètres plus loin, se protégeant les yeux de son aile. Akiyo courut à l'Oiseau qui pousait des cris rauques et commença son ascension.

Ce furent des minutes longues et pénibles. L'oiseau, retenu d'une poigne de fer par les clones solaires, se débattait à un tel point que la jeune femme faillit tomber plusieurs fois. Il agitait ses redoutables serres, ouvrant des estafilades sur ses bras et ses jambes... Mais elle ne lâcha pas prise. Enfin, blessée, harrassée, elle arracha la Plume Rouge au dos de l'Oiseau et sauta souplement à terre. L'Oiseau bleu, libéré par les clones, disparut dans le ciel bleu.

Akiyo pouvait rentrer.


********


Akiyo était revenue à Ea et se trouvait dans la salle d'entraînement du village. En face d'elle un jeune aspirant ninja, le visage serré, suivait chacun de ses mouvements. Le temps était venu de tester son nouveau pouvoir. Cette technique était assimilée au Suiton, puisqu'elle permettait de lire dans les esprits comme dans l'eau claire. Elle fit courir ses pieds nus sur le tatami, et se rapprocha de l'aspirant qui jouait le rôle de cobaye volontaire -enfin, semi-volontaire, puisqu'il ne savait pas ce à quoi la jeune femme allait le soumettre.-

Akiyo joignit les mains, et exécuta lentement, religieusement, les signes nécessaires. Il ne se passa rien. L'air prit soudain une teinte plus lumineuse, et ce fut tout. Puis une voix effrayée retentit dans sa tête.

« Que va-t-elle me faire? J'ai accepté parce que je veux être fort. Mais je crois que je ne suis pas né pour être ninja. J'ai peur des techniques. Mais je veux tellement que maman soit fière de moi... »

Akiyo sourit au petit, qui fut rassuré.

« Non. Elle est gentille. Akiyo-sama ne me ferait pas de mal. »

« Ce petit a encore beaucoup à apprendre... », pensa Akiyo.

Mais elle continua de sourire, le coeur apaisé.

valider tu gagne 70 000 point de carac... bravo !!!

Vu le temps que j'ai mis à l'écrire...


... Les points de carac je peux en faire ce que je veux?

Je t'explique les point de carac ce sont les point que ton grade t'apporte, dans ton cas c'est anbu ( bras droit = anbu ), dans les regle le rubrique stats, il te permette d'augmenter tes pv et tes pc ( chakra ), y'a d'autre truc ( vitesse, attaque... ) mais on s'en sert pas... donc... Ca sert principalement a augmenter tes pc et pv ok ?

Oui c'est bien ce que je craignais... Je viens de me rendre compte que j'avais posé une question débile à laquelle je pouvais répondre toute seule comme une grande fifille et je voulais aller l'effacer mais tu y as déjà répondu... Ah, les gaffes du débutant
Sois un peu moins rapide, la prochaine fois

HRP : Désolée, je n'ai que peu de temps ce soir. Impossible d'écrire un long rp comme j'en ai l'habitude...

Mon second entraînement, où je redynamise une vieille technique...

Akiyo regardait fixement le mur immaculé de la salle d'entraînement du village d'Ea comme s'il s'agissait d'un ennemi à abattre. La pièce était calme et silencieuse. Elle se leva brusquement, souple comme une tigresse. Elle brûlait encore d'énergie contenue. Il lui fallait un moyen de la dépenser.

Elle attacha ses longs cheveux sombres avec un lien de cuir, et regroupa les mèches qui lui battaient les joues sous un léger bandeau couleur de neige. Elle se plaça au centre des tatamis et fit apparaître un clone solaire d'un rapide battement de mains.

Le clone se tenait devant elle. Il balaya toute la pièce du regard, et ne voyant personne à maîtriser, se retourna vers la jeune shinobi avec un air interrogateur.
- Ne cherche pas plus loin, déclara Akiyo. Je serai ton adversaire.

Le combat commença. D'abord à mains nues, puis s'aidant de kunais, les deux adversaires s'échangeaient des coups de plus en plus rapides, de plus en plus violents. L'être qui se tenait devant Akiyo étant son clone, il possédait exactement les mêmes capacités qu'elles. Ses forces et ses faiblesses étaient absolument identiques à celles de la jeune fille, et si elle savait cela, le clone ne l'ignorait pas non plus.

« Mon pire ennemi, c'est moi-même », pensa Akiyo fugitivement, évitant une arme qui alla se planter dans son dos, tache noire sur le mur blanc. Mais elle ne pensait pas au clone. Elle voulait parler de la « chose » qui dormait dans son coeur, et qu'elle avait parfois du mal à maîtriser. Hachibi.

Le combat se faisait inégal. Si le clone est la jeune fille avaient en théorie les mêmes possibilités, en pratique, hélas, la ninja de chair était désavantagée. Si elle résistait à son pouvoir destructeur, étant une Higure, le clone répandait autour de lui une chaleur insupportable, et Akiyo fut bientôt en sueur.

Le clone, malgré les nombreuses blessures qu'elle lui avait portées, continuait de bouger avec une stupéfiante rapidité. Akiyo n'avait jamais été très patiente.
« Il faut en finir... Je vais vaincre le Soleil... par le Soleil !!! »

Elle regarda sa main, où une lame plus vive que les autres avait tracé un long croissant, et remarqua qu'elle ne saignait pas. « Merci, Hachibi ». Elle joignit les paumes et exécuta quelques signes que le temps lui avait rendus familiers. Ce n'était rien de plus que ceux qui permettaient à son clan depuis des décennies, sinon des siècles, d'exécuter la plus connue de leurs techniques héréditaires.

Elle se concentra, malgré les coups qui pleuvaient sur elle. Crispée, tendue, elle restait immobile comme si elle n'eut jamais rien fait d'autre que d'attendre. Patiemment, elle ignorait la douleur, tout son esprit fixé sur une seule et unique tâche.

Le Soleil entrait par les ouvertures de la salle. Akiyo le sentait qui pénétrait par tous les pores de sa peau. L'astre solaire lui fournissait de la chaleur, mais surtout de l'énergie, une quantité phénoménale d'énergie... Ses paumes fourmillaient tandis que cette énergie devenait Chakra. Lentement, dans ses mains placées en creuset, un globe de Chakra commençait à se former...

Le clone ne s'arrêtait pas. Il assaillait la jeune shinobi comme s'il n'avait rien remarqué, et Akiyo ressentait ses attaques aussi vivement que des piqûres d'épingle. Sa solidité naturelle, « héritage » d'Hachibi, qui s'était inscrit dans son sang lorsqu'elle était devenue son réceptacle, était une aide, mais elle ne suffisait pas lorsqu'elle était sans défense.

Le globe enflait, et enflait toujours.

« Patience... »

De minuscule foyer au creux de ses paumes, l'énergie dorée se propagea rapidement, et devint vite immense. Des rafales, des courants contraires la parcouraient et faisaient voler les tatamis. Akiyo fixait le centre du globe, à l'endroit où l'énergie était la plus concentrée. Ses iris violets se nimbaient de chaudes lueurs orangées.

Enfin, lorsque la jeune shinobi jugea avoir atteint le point de non-retour, c'est-à-dire avoir accumulé assez d' énergie pour se débarasser de son adersaire, elle relâcha la pression. Elle était tombée à genoux, écrasée par l'énorme force qu'elle était en train de faire naître. Au-dessus d'elle, échauffé, menaçant, son reflet se préparait à porter le dernier coup.

La lame fendit l'air en sifflant.

C'est alors qu'Akiyo frappa.

Se relevant avant l'impact, la jeune fille fit face à son « autre ». Elle ne prit même pas la peine d'éviter le kunai. Portant à bout de bras l'énorme sphère dorée, elle l'expédia dans son flanc gauche, resté à découvert.

Le clone disparut.

La salle aussi.

Lorsque la fumée se dissipa, Akiyo, désemparée, se laissa tomber sur le sol et examina les dégâts. C'était horrible. Son regard glissa sur les pans de mur à moitié écroulés, les tatamis dont les restes carbonisés rougeoyaient encore, les fines parois de papier soufflées par la violence de l'explosion. A mesure qu'elle découvrait de nouvelles destructions, son désespoir empirait.

« Il faut croire, songea-t-elle avec une ironie grinçante, que l'anéantissement de salles d'entraînement soit une spécialité d' Ea. »

Il ne restait plus aucune trace de son adversaire.

« Mes parents auraient été fiers de moi. Je ne pense pas qu'ils aient porté cette technique à un niveau aussi élevé. » Puis elle se rappela que, là où ils se trouvaient, ses parents n'étaient plus en position d'être fiers de leur fille. Déjà, le Serpent tapi dans son coeur dressait la tête.
« Non. Je ne dois pas penser à ma famille. Pas maintenant. »

Elle se releva, sereinement, et commença à jouer avec un kunai qui traînait.

C'est deja ca... + 57 000 point

Où je transforme légèrement mon pouvoir héréditaire...



Akiyo était allongée, en tenue de combat noire et légère, sur les rêches tatamis de la salle d'entraînement d'Ea. Brisée, rompue, épuisée, et souffrant de plus d'un féroce mal de crâne -dont il mieux ne pas s'interroger sur l'origine...-, elle laissait glisser son regard vide sur les murs immaculés de l'austère salle déserte. Un silence inhabituel planait. Aux oreilles d'Akiyo résonnaient en écho les fracas d'armes, le frémissement que faisaient dans l'air les techniques de ninjutsu... Tous ces sons si nombreux aux heures les plus fréquentes de la journée, et qui faisaient cruellement défaut maintenant que la nuit était tombée.

Une tempête semblait s'être déclenchée dans son esprit, et elle luttait pour garder les idées claires malgré la fatigue. Elle voulait devenir plus forte encore qu'elle ne l'était, et, il y a peu de temps, elle s'était fait la réflexion que ses pouvoirs héréditaires, étant essentiellement solaires, ne lui étaient plus d'aucune utilité passé le crépuscule. Bien sûr, en guerrière expérimentée, elle pouvait bien s'en passer, et les armes et techniques conventionnelles lui suffisaient. Mais elle savait également que le milieu naturel du shinobi est la nuit, et elle aurait bien aimé apprécier les effets dévastateurs des pouvoirs des Higure par temps nocturnes.

Il devait bien y avoir un moyen d'inverser la tendance... Blême, concentrée, le menton fermement coincé sur ses deux poings serrés, Akiyo réfléchissait. Elle avait réussi, avec la maîtrise de soi qui lui était coutumière, à faire abstraction de l'ivresse... provoquée par l'épuisement, et même son envie de retourner à la fête ne parvenait pas à la détourner du but qu'elle s'était fixé. Une ébauche de plan commençait à germer dans son esprit.... Une chose était sûre : elle n'arriverait à rien en restant dans cette salle close.

Akiyo se leva et se dirigeait déjà vers la porte lorsqu'elle s'arrêta. Prendrait-elle ou non des armes? Elle se détourna avec un sourire.

« Le taijutsu, c'est très bien aussi dans ce genre de cas. »

La forêt toute proche l'attendait...

*************************************************************


Akiyo avait réveillé la faune de la forêt, qui n'était pas habituée à une intrusion si tardive. Elle avait mis hors d'état de nuire quelques ours, qui avait eu la très mauvaise idée de vouloir interrompre son entraînement. Ces abrutis avaient cru qu'il leur suffiraient d'être gros, forts, et bruns, pour tenir tête à la jeune fille. Raté. Akiyo avait bondi souplement, et s'était appropriée le terrain avec la rapidité d'un feu follet. Face à ses manchettes foudroyantes, les plantigrades, trop lourds, n'avaient pas pu réagir à temps. Leurs pattes griffues frappaient inexorablement dans le vide. Akiyo avait était ravie de constater que son taijutsu était parfaitement rodé. Habituellement, elle le travaillait peu, préférant à ses poings et ses pieds l'usage de matériaux plus coupants et plus acérés, et le chatoiement du Chakra.

Mais elle ne les avait pas tués. Ces paisibles ours n'avaient rien fait qui pût la mettre en colère. Ils tentaient juste de protéger leur territoire... Et heureusement pour eux, Akiyo les comprenait. Et elle était restée totalement maîtresse de ses actes. Ils gisaient, simplement assomés.

Akiyo regarda le ciel. Par chance, il n'y avait aucun nuage. Parfait. C'était tout ce qu'elle demandait.

Akiyo était perdue dans le feuillage d'un cèdre gigantesque. A la force de ses bras, elle s'était hissée dans la plus haute de ses branches, et à présent elle était sereinement assise sur le rameau fragile comme un soupir. Une lune énorme, à la forme parfaite, trônait dans le ciel d'hiver, au milieu des étoiles glacées, pareille à une reine au milieu de ses sujets.

Akiyo, dans ses vêtements sombres, se confondait avec le feuillage de l'arbre, et seul était visible, dans l'obscurité, son visage pâle levé vers la Lune. Ses grands yeux violets, dans lesquels se reflétait l'astre nocturne, semblaient mouillés de larmes. Ils étaient en réalité nimbés de lumière. Sur ses lèvres flottait un confiant sourire d'extase. Le sourire que seuls peuvent avoir les guerriers, qui depuis leur naissance vivent dans le chaos des armes, et qui ont enfin trouvé la paix.

Au loin, une chouette croissait, mais Akiyo ne l'entendit pas. Tous les sons ambiants se diluaient dans le silence de sa méditation. Une légère brise agitait ses cheveux, mais la jeune shinobi n'y prenait pas garde. Elle restait aussi immobile qu'une statue de marbre, à se représenter la Lune. La Lune dont la lumière venait du Soleil...

« Les énergies lunaire et solaire sont de même nature. Je devrais donc pouvoir me servir de la Lune pour exécuter mes techniques héréditaires. Pour les étoiles, je n'aurai pas ce problème, car elle sont identiques au Soleil. Mais la Lune... C'est plus compliqué. Je me demande pourquoi pas un Higure n'a réussi à l'utiliser. Est-ce que ce serait parce qu'il n'en ont pas eu l'idée, ou bien... est-ce autre chose? »

Akiyo ferma les yeux.

Derrière ses paupières closes se dessinait un corps. Le sien. Elle se représentait nettement son Chakra, et les trajets qu'il parcourait, arpentant ses veines comme un second fluide vital. Tout à coup, elle capta quelque chose. Ce n'était rien, à peine un picotement sur son épaule. La sensation se répandit rapidement à toute sa peau, gagnant en intensité. Elle la sentait. L'énergie lunaire.

Elle était là. Akiyo la percevait à présent nettement, comme auparavant, durant ses premières années d'apprentissage, elle avait senti l'énergie solaire. Comme une énergie énorme, et étrangère. Presque malfaisante. Il s'agissait à présent de se l'approprier, de la faire sienne, afin de cesser de ressentir ce picotement désagréable sur sa peau, et de pouvoir puiser dans ce pouvoir considérable. D'être capable de la changer en Chakra.

Elle ne se rendait pas compte de la tâche titanesque qui l'attendait. Elle ne savait pas que, depuis des années, des générations de Higure s'étaient penchées sur se problème, en tentant d'en trouver la solution. Sans succés.

De toute manière, le fait de le savoir de l'aurait pas empêchée d'essayer. Sans réfléchir, elle modela son propre Chakra, et le lança à l'assaut de l'énergie qui l'environnait.

Le Chakra d'Akiyo filtrait par les pores de sa peau, en une brume légère. Akiyo le sentait agir sur l'énergie lunaire, la modifiant imperceptiblement. Mais une telle chose demandait une quantité incroyable de Chakra, et Akiyo s'épuisait. Elle ne pourrait plus tenir très longtemps. Elle avait l'impression d'être le dernier rempart face à un énorme raz-de-marée, et, de tous côtés, la force effroyable de la Lune l'assaillait, la blessait, imprimant à son corps et à son esprit une intenable pression.
La jeune shinobi poussa un grognement. Ses tempes était perlées de sueur, la lumière l'aveulglait à travers ses paupières fermées. Elle ne pourrait plus tenir très longtemps. Elle allait finir écrasée, disloquée...

« Je dois... encore... lutter... », pensa-t-elle avec un sursaut de rage. Autour d'elle, l'énergie de la Lune avait changé sensiblement de forme, mais sa nature ne s'était pas suffisament modifiée pour pouvoir être recyclée en Chakra. « Je dois... finir... ce que j'ai commencé... » Akiyo savait que son organisme, une fois habitué à cette nouvelle énergie, l'utiliserait aussi naturellement qu'il le faisait avec l'énergie solaire. Cette fois-ci serait la seule où elle aurait à souffrir. Mais elle devait terminer sa tâche, ou tout ce qu'elle endurait ne servirait à rien.

Akiyo n'avait presque plus de Chakra.

« Je refuse de mourir... aussi bêtement. », se dit-t-elle.

C'est alors que l'horrible évidence s'imposa à elle.

Toutes ses ressources n'étaient pas épuisées, bien au contraire. Elle en avait encore... Une quantité infinie. Elle pouvait encore faire basculer le destin de son coté. Mais pour cela... Son sang se glaça.
Elle devait faire appel à l'autre.
Elle devait réveiller le Serpent.

Elle ferma son coeur à la paix spendide de cette nuit d'hiver, et l'ouvrit à la haine.
Tristesse... Colère... Mélancolie...
Ses sentiments les plus noirs, les plus terribles, firent leur appparition. C'était si facile, finalement... Il suffisait de se remémorer certaines paroles, certains regards...
Cette figure pâle, ce ricanement, ces yeux moqueurs, pleins de mépris... Tu n'es qu'une pauvre chose... Tu ne mérites pas de vivre... Vois comme j'ai gâché ton existence...
Orochimaru...

Les portes de son âme furent forcées par la folie. Hachibi sortait de son trop court sommeil.

Akiyo souffrait. Voir la volonté froide du Serpent prendre possession de son être, lutter pour garder le contrôle de son esprit...

« Peut-être aurais-je mieux fait de mourir... »

Elle devait garder la tête froide, et concentrer le Chakra de Hachibi, tout en évitant de le laisser prendre le pouvoir sur son coeur. L'énergie noire, malsaine, du Serpent se heurtait à celle de la Lune, et celle-ci changeait de nature à une vitesse hallucinante.

« Pourquoi fais-tu cela? »

La voix du Sepent, plus glacée que la mort même, avait paralysé Akiyo.

« Pourquoi vis-tu cette vie inutile? Tu dis vouloir te battre pour la vie, mais je te connais... Pourquoi voudrais-tu vivre? Toi, toi qui es maudite depuis que tu as vu le jour... »

-ASSEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !!!!

Akiyo avait hurlé. Une nuée d'oiseaux s'envola vers l'est.


*************************************************************


Elle ne savait pas comment elle avait réussi à ne pas céder à l'étreinte meurtrière de Hachibi. D'ailleurs, elle ne se rappelait plus du tout des évènements qui avait suivi ce moment. Elle ignorait comment elle avait regagné la salle d'entraînement d'Ea. Elle n'était sûre que d'une chose : le pouvoir lunaire dormait bel et bien au creux de ses paumes.

Elle contempla ses habits abîmés, rapés par les branchages, et ses doigts où perlait le sang. De larges coupures. Elle avait dû basculer de l'arbre. Pour une autre qu'elle, cette chute eut été mortelle, mais elle n'avait réusi qu'à s'entailler les mains. Sa solidité naturelle, héritée de Hachibi, l'avait préservée.

Elle s'étendit de nouveau sur les tatamis. Dans son esprit défilaient les êtres chers à son coeur.

« Pourvu que je ne fasse pas leur malheur... », se dit-elle avec une douloureuse tristesse.

Implacable, Hachibi veillait...

cool !! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!!! !!! !!! !! !! !! !! !! !! !! !! !!! 100 000 point !!!!!! c'est sympa bien ecrit....

... où chacun lutte contre ses propres démons...
... et où l'on applique un très ancien précepte (dédicacé à Suzunette)



Akiyo se trouvait, une fois encore, dans la salle d'entraînement d'Ea no Kuni, même si cette fois, elle aurait donné tout ce qu'elle avait pour être ailleurs... Elle regardait les cibles qu'elle avait disposées en ligne droite, et qui s'ornaient, chacune, d'un kunai planté précisément au centre.

-Tss, siffla-t-elle.

D'après elle, ces exercices de tir sur cible n'étaient que du travail de débutant. Ils étaient insuffisants habituellement à dépenser son énergie, et aujourd'hui, ce n'était pas ça qui allait calmer l'excitation et le mélange de sentiments qui luttaient dans son coeur...

Akiyo laissa finalement tomber l'idée de s'entraîner à la cible, et s'assit en tailleur sur le sol, tentant de remettre de l'ordre dans son esprit. Dans un coin de la salle, des hommes que l'on formait pour en faire de futurs shinobi d'élite d'Ea se battaient férocement, à grand renfort de cris rauques. Les armes dont ils se servaient n'étaient que de simples bâtons, qu'ils empoignaient à bout de bras, et le fracas qu'ils faisaient en se heurtant n'aidait pas Akiyo à garder les idées claires.

Ces derniers temps, beaucoup de choses s'étaient passées... Et elle venait de vivre un bonheur immense, auquel elle ne pensait pas avoir droit. Elle en était infiniment heureuse. Mais... Elle avait peur. Peur de ce qu'il se passerait si elle perdait à nouveau le contrôle. Elle se rendait compte que l'amour et l'affection sont des armes à double tranchant. Les gens auxquels on tient nous apportent chaque jour la joie la plus parfaite. Mais la douleur de les perdre n'en est que plus horrible... Et plus l'être perdu nous est cher, plus l'on se sent meurtri. Elle ne savait plus que faire, ni où elle en était. Elle était... perdue.

Elle ressentit soudain une sensation qu'elle connaisait trop bien. Ce profond dégoût d'elle-même, qui la laissait en paix lorsqu'elle était absorbée dans ses tâches ne shinobi, pour mieux la rattrapper ensuite. Et si... et si c'était elle la responsable de la mort de ceux qu'elle aimait? Compte tenu de l'horreur qu'elle portait dans son coeur, elle redoutait plus que tout que cette situation se produise. Elle en mourrait sur le coup. De toute façon, elle ne comptait pas survivre aux personnes qui lui étaient chères.

Elle en était à ce point de ses réflexions, les joues empourprées au souvenir de son bonheur, le regard assombri par la pensée de l'avenir, quand un Chûunin effrayé fit tout à coup irruption dans la salle.

-Ils ont recommencé !!!

Akiyo se leva prestement, et alla à la rencontre du Chûunin, qui restait planté à la porte de la salle.

-Calme-toi !!!, s'exclama-t-elle. Qu'est-ce qui se passe? Qui a recommencé?

Mais elle connaissait déjà la réponse.

-Les Cinq Loups !!!

« Bon sang », fulmina Akiyo, « on en entend beaucoup trop parler, de ceux-là, en ce moment »

Les Cinq Loups, d'après les rapports officiels, étaient une association de bandits opérant dans la région. Ils commençait à prendre de l'importance. Ils s'embusquait la plupart du temps dans la forêt contigüe à Ea, et attaquaient sans regret ni remords tout ce qu'ils touvaient sur leur chemin, que ce soit transports commerciaux, escouades de surveillance, ou tout simplement de pauvres voyageurs. Leur rapines leur avaient permis d'amasser un joli butin, et Akiyo sentait sa colère monter en sachant qu'une bonne partie des biens qui se trouvaient entassés dans leur repaire étaient la propriété d'habitants d'Ea.

Les ninjas d'élite posèrent leurs bâtons et s'avancèrent en une masse compacte.

-On va s'en occuper !

-Non, laissez, les coupa Akiyo. Exercez-vous. Vous avez besoin de devenir plus forts, toujours plus forts, afin qu'Ea soit fière de ses troupes d'élite. Moi j'y vais.

-Que... Quoi?

Mais avant qu'ils aient le temps de réagir, Akiyo était partie.

Akiyo progressait si rapidement que le paysage autour d'elle semblait flou. Légère comme un souffle, elle s'élançait d'arbre en arbre, effleurant à peine les branches de ses sandales. Qu'il était bon de sentir le vent frais fouetter son visage! Elle se surprit même à sourire. A tout prendre, ce petit entraînement était l'occasion rêvée. Akiyo avait besoin d'espace, d'action, afin d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, le fatras de pensées et d'émotions qui s'agitait en elle. Elle y penserait plus tard... Pour le moment, elle ne vivait que pour atteindre son objectif.
Et tant pis si elle avait oublié de prendre des armes, dans l'impatience du départ.
Tant pis si elle ne disposait plus que de quelques shurikens.
Ce serait amplement suffisant....

Akiyo toucha terre, aussi silencieuse qu'une ombre. D'après ce que disait le dernier rapport sur les Cinq Loups, elle se trouvait maintenant en teritoire ennemi. Il ne restait plus qu'à trouver où ces bandits cachaient leur repaire. Sauf que... ce ne serait pas aussi facile qu'elle l'avait escompté.

Le regard d'Akiyo se perdit dans l'immense amas de verdure. Cela semblait sans fin. Comment allait-elle retrouver un repaire, qui en plus était censé être caché, dans cet énorme périmètre?

« Bon, allons-y pour les bonnes vieilles méthodes... », pensa-t-elle avec lassitude.

Beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard...

Le temps avait passé, et Akiyo désespérait. Toujours rien... Elle avait pourtant fouillé partout... inspecté chaque rameau, chaque feuille... Elle s'était tenue à l'affût, guettant chaque son qui aurait pu perturber le chant des oiseaux, brisant les rocs au poing pour s'assurer qu'ils ne cachaient pas une entrée, suivant les traces et les mouvements des habitants de la forêt dans le cas où ceux-ci auraient pu la renseigner sur une quelconque présence étrangère... Pas le moindre début d'indice.

Ces Cinq Loups savaient décidément bien conserver l'habitat de leur meute... Si ils étaient aussi forts qu'ils se cachaient bien, alors Akiyo avait du souci à se faire. La nuit commençait à tomber, et une obscurité lourde et grasse se répandait peu à peu sur la forêt, rendant la traque de plus en plus difficile. Bientôt Akiyo ne distingua plus rien, plus rien que des ombres floues.

La colère eut raison de sa prudence.

-Je ne vais pas me laisser faire par des brigands à deux roubles !!! Je trouverai leur fichu repaire, et je leur ferai passer l'envie de s'attaquer à Ea !!! Il me reste encore une longueur d'avance...

Akiyo exécuta les signes qui allaient peut-être la perdre, sans même penser aux conséquences que pouvaient avoir son acte. Elle regardait fixement devant elle, le visage crispé, les yeux brûlants. Peu à peu, une masse indistincte, d'un brun sombre, commençait à apparaître.

-Allez...

Même si elle ne savait pas si ce qu'elle avait projeté de faire était possible, elle s'y accrochait, de toute la force de son esprit... L'ancien pacte, celui qui était inscrit en chacune de ses veines, devrait l'aider... Mais c'était la première fois, la toute première fois, qu'elle lui demandait d'apparaître devant elle.

L'ectoplasme avait à présent pris corps. De brume, il devenait, lentement, matière solide. Un croisillon compliqué se dessinait sur sa peau lisse, se changeait en écailles si dures que rien ne pouvait les transpercer. Akiyo frissonna.

« Qu'est-ce que j'ai fait? »

Hachibi se dressait, dans toute sa splendeur.

Il était si grand, si épais, qu'Akiyo avait l'impression qu'il pouvait l'enserrer dans ses anneaux sans fin, et presser, presser, jusqu'à l'étouffer... Sur son dos d'un noir luisant, les écailles se dressaient, redoutables comme des épieux. Ses huit queues battaient le sol sans cesse, y soulevant des nuages de poussière. Mais le plus glaçant était les huit têtes. Au bout de chacune, de la bouche fine et bien dessinée sortaient des crocs dégouttants d'un venin mortel. Une arme fatale, faite pour ôter la vie sans laisser d'autre possibilité aux malheureuses victimes qui en subissaient la morsure.

« Calme, calme », pensait Akiyo. « Je dois garder la tête froide. »

Voilà donc à quoi ressemblait ce fléau qui la rongeait de l'intérieur...
Akiyo se dressa, avec une majesté surprenante dans une telle situation. Malgré le chaos, le déferlement de Chakra qui explosait autour d'elle, elle restait debout, immobile et immuable. La Terre aurait pu s'écrouler autour d'elle, qu'elle serait restée campée sur ses jambes, droite dans la tourmente. Comme si sa vie en dépendait. Ce qui sans doute était le cas. Elle plongea son regard dans celui de l'une des huit têtes de Hachibi. Yeux pourpres. Yeux jaunes. Cela sembla durer un siècle.

Enfin, les iris dorés et incroyablement froids du Serpent se détournèrent.

« Tu es bien courageuse pour une gamine. » Sa voix se frayait un chemin à travers les pensées de la jeune shinobi sans même qu'il frémît. « Pourquoi m'as-tu appelé? »

Akiyo eut envie de se recroqueviller quelque part, d'appuyer sa tête contre ses poings, pour ne pas entendre cette voix... Mais elle savait que cela n'aurait servi à rien. Le Serpent communiquait directement à son âme. Elle se hérissa. Cette voix... Une voix qui portait en elle tout le mal du monde. Fallait-elle qu'elle ait commis tellement de fautes, pour être le refuge d'une telle atrocité? Il lui semblait qu'en lui parlant, Hachibi la blessait physiquement. Mais elle était fermement décidée à ne pas le laisser paraître.

-Je te conseille de ne pas me manquer de respect. Nos deux vies sont liées, ne l'oublie pas.
Cherche plutôt un endroit où l'on pourrait dissimuler une cache de bandits.

« Je vais t'y mener. »
Bien qu'elle eût préféré se trouver à des miles de distance, bien que le dégoût que lui inspira un tel acte fut tel qu'elle crut mourir à cet instant, Akiyo se hissa sur le Serpent. Les écailles sèches ripèrent sur sa peau tendre, mais sans même l'écorcher. Après tout, Akiyo était aussi résistante que Hachibi lui-même. Elle tenta d'entourer de ses bras sa malédiction, mais le Serpent était si large que ses bras n'en faisaient pas le tour.

Hachibi s'était lancé. L'espace d'un instant, la forêt disparut aux yeux d'Akiyo. Le visage transformé par la haine, la honte et la fureur, les membres griffés par la végétation, blessures qui pourtant n'en étaient pas, la jeune shinobi tentait de rester stable. Ses yeux brillaient de larmes contenues. Elle le haïssait, lui sans qui elle aurait vécu, lui sans qui elle n'était rien. Sa propre faiblesse l'écoeurait.

Enfin, ils arrivèrent au pied d'une grande stèle noire. Un panneau de roche semblait masquer une entrée. Akiyo mit pied à terre, alla examiner les lieux. Elle demerait pensive, une marque faite à la cendre ayant attiré son attention.

Elle plaça sa main contre le roc, mais sans le toucher. Une vibration... Elle en était sûre. Il y avait du Chakra sur cette roche. Akiyo observa la marque. Une tête de loup.

Un sourire de démente vint naître sur ses lèvres, s'élargit lentement.

« Il sont là... »

Puis elle se retourna vers Hachibi, lui dit d'une voix sèche.
-Cette porte est piégée. Localise les sceaux, et détruis-les.

Le démon disparut. Moins de cinq minutes plus tard, il était de retour.

« Il ne devrait plus y avoir d'obstacle à l'ouverture de la porte. »

Akiyo allait poser son poing sur le roc, mais elle se retint. Et si le Serpent avait voulu lui jouer un tour? Bien sûr, il ne pouvait pas mettre fin à sa vie, sans cela la sienne s'achèverait aussi. Mais elle ne devait pas le sous-estimer. D'après sa légende, Hachibi était l'incarnation du mal. Au sens propre. Le vice des hommes lui avait donné naissance. Comment pourrait-elle lui faire confiance?

Akiyo ferma le poing.

Un Soleil agonisant laissait traîner quelques rayons rouges, à l'ouest. Les doigts de la jeune fille s'illuminèrent d'une chaude lueur dorée. Elle frappa la roche, qui chauffa, gémit, se fissura, se fendit, et enfit s'écroula, dans un immense fracas.

Dans la main d'Akiyo, la lumière dorée s'éteignait doucement.
Hachibi posa à nouveau ses yeux jaunâtres sur la jeune fille.

-Va-t-en. Je n'ai plus besoin de toi.

Akiyo se laissa tomber sur un énorme débris de roche. Le Serpent s'était évaporé, et gardait le silence, dans son âme. Sans doute considérait-il qu'il l'avait assez faite souffrir pour le moment... La jeune shinobi inspira profondément, tentant de redonner à son visage contracté une expression à peu près normale. Expiration. Elle avait l'impression d'être seule au monde. Inspiration. Elle se tenait là, sur les restes de la porte, mais pourtant, personne ne venait voir ce qu'il s'était passé. Expiration. Personne n'avait donc rien remarqué? Inspiration. Il lui semblait que, tant qu'elle ne bougerait pas, le monde entier resterait figé. Expiration. C'était une sensation étrange, surréaliste, comme si elle avait trouvé le moyen d'arrêter le temps. Inspiration. La tête lui tournait.

Akiyo n'était pas faite pour vivre dans la sérénité d'un présent immuable. Après une dernière expiration, elle se leva, et presque apaisée, pénétra dans la caverne des Cinq Loups.

Les Loups, enfin alertés par le bruit, s'étaient dressés, aux aguets. Ils changèrent de visage lorsqu'ils aperçurent Akiyo. Celle-ci eut, dans ce bref instant, tout le temps qu'il lui fallait pour les observer.
Ils étaient grands. Le plus grand d'entre eux portait fièrement une fourrure d'un superbe blanc argenté, qui cachait ses traits, alors que les autres se contentaient de paux de loups noires et ordinaires. L'homme à la fourrure blanche, qui semblait être le chef, s'était levé immédiatement, alors que les trois autres étaient encore assis autour de ce qui ressemblait à un repas. Akiyo fit la grimace en remarquant les os à moitié couverts de lambeaux de viande crue, dans lesquels les dents des hommes avaient laissé des marques.

Dans le fond de la caverve, de nombreux objets étaient empilés, formant une masse hétéroclite qui jetait des reflets mouvants sur les murs de pierre. Ainsi c'était cela, le trésor des Cinq Loups...

L'un des trois Loups assis se leva. Sa voix traînante, nasillarde, brisa le silence surnaturel de la caverne.
-Hé, chef! On a une admiratrice! Qu'est-ce que tu viens faire ici?

-C'est très simple. Cessez vos méfaits, où vos vies cesseront.

La meute eut alors un rire gras.
-Très drôle. Permets-moi de te dire une chose..., tonna le Loup blanc en faisant un geste du bras.

Le cinquième Loup, qui s'était jusque-là dissimulé dans l'ombre d'un roc, surgit dans le dos de la shinobi et la ceintura. Elle ne pouvait plus bouger. Elle se retrouvait prise au piège.

Le chef s'approcha, suivi du reste de la meute, l'escortant servilement.
-...Tu n'es pas de taille contre nous.

Sa main s'abattit sur ses lèvres, lui coupant toute possibilité de parole.

C'est pas fini !!!
2ème partie:


La jeune fille étouffait. Malgré tous les efforts qu'elle faisait pour se dégager, la poigne du grand Loup la maintenait solidement. Elle se rejeta en arrière, et le mordit jusqu'au sang.

Toujours encerclée de Loups, les bras tordus dans le dos, la kunoichi se redressa. Sa voix chaude, mélodieuse, libérée de toute enntrave, s'éleva dans la caverne, y portant comme une nouvelle lumière. Elle récitait quelque chose.

-Qu'il se trouve dans le tumulte, cerné par de nombreux ennemis,
Où passer inaperçu est la règle
Ou bien dans un lieu calme et paisible
Où il ne trouvera nul refuge,
Le shinobi doit savoir guetter le moment propice,
Celui où l'adversaire révèlera sa faiblesse
Et son inattention...

Et, sous les yeux médusés des Cinq Loups, le corps de la prisonnière s'illumina, devenant si brillant qu'ils ne purent en supporter la vue. Celui qui la maintenait dut lâcher sa prise, tant sa main le brûlait. Puis elle disparut. Un clone solaire.

Akiyo sortit de son poste d'observation.

-Vous avez baissé votre garde, énonça-t-elle, d'une voix d'où toute chaleur s'était enfuie. Vous avez perdu.

Elle joignit les mains, déchaînant l'horreur.

-Genjutsu, murmura-t-elle. Makai, le Grand Pays des Démons !!!

Akiyo coula un regard vide vers la meute, à présent anéantie. Le chef prostré, grelottait de terreur et de douleur, les membres tremblants. A ses côtés, ses hommes roulaient en tous sens, semblant vouloir échapper à un sort funeste. Des larmes coulaient de leurs paupières agitées de tics.

Akiyo les comprenait. Après tout, il n'était guère agréable de sentir que son corps était dévoré par le feu de l'Enfer, de courir pour éviter les griffes, les crocs de nuées de démons, tout en sachant que s'acharner ne fait qu'augmenter la souffrance... Ce n'était pas agréable... Akiyo eut un sourire triste. Aucun sort ne serait pire que le sien. Si les Cinq Loups étaient blessés par les démons du Makai, il ne connaissaient pas la douleur que l'on éprouve lorsque le démon fait partie de vous, qu'il lit dans votre âme comme dans un livre ouvert.

Mais Akiyo était humaine. Et puis, elle ne supportait plus leurs hurlements. Ellle mit fin aux souffrances des Cinq Loups, et les pauvres hommes, prisonniers de l'illusion, ne sentirent même pas la piqûre du shuriken qui leur apportait la délivrance.

Longtemps Akiyo resta songeuse, après avoir arraché au front du chef son bandeau. Un bandeau où se lisait le signe d'Oto...

Au fait Sasuke, ils sont validés, mes entraînements?