Enfin, mon heure était arrivée. J'avais attendu tant de temps que cette imbécile d'Akura me laisse la posséder que je ne m'imaginais plus ce jour arriver... j'avais tort. Je me faisais du souci pour rien. Il n'a suffit que d'un instant de relâchement pour que cette idiote me laisse son corps. Elle d'habitude si prudente, aurait mieux fait de ne pas rabaisser sa garde... tant pis pour elle. Et ses amis. Je l'entends qui hurle dans ma tête. Elle se débat, comme je me suis débattue. Elle tente de me parler. Je n'écoute que ses pleurs et ses hurlements. Le reste ne m'intéresse pas. Le reste n'est que décor. Seule la souffrance qui me nourrit subsiste. Je finit par m'arrêter, la laissant parler:
"Qu'est-ce que tu comptes faire?"
-Tout ce dont tu as peur.
Elle se tait. Elle tente de réfréner ses cris.
-Je souhaite mener le village d'Ea à sa ruine sans que personne ne comprenne que c'est moi...
Le ton de sa misérable voix devient froid et sec:
"Ça ne marchera pas. Mes amis se rendront compte que quelque chose cloche..."
-Ça tombera bien alors. Ce seront eux que je dévorerai en premier.
Abandonnant toute fierté, mon ancienne geôlière pousse un cri particulièrement perçant;
"NON!!!"
-Calme-toi, veux-tu... voilà un souvenir qui te tranquillisera."
Je sens sa peur. Non, pas sa peur... sa terreur. A mes cotés apparaît une minuscule forme d'âme. C'est celle de ma pitoyable prisonnière, enfant perdue, la bouche arrachée, saignant, me contemplant avec effroi. Auparavant, elle avait cru me leurrer. Mais cette fois elle a épuisé son stock de souvenirs heureux. Par contre, moi je sais très bien appuyer là où ça fait mal. Là où la plaie n'a pas cicatrisé suffisamment. Je suis plus forte que ce vermisseau. Elle le sait, elle se tait, m'accompagnant tristement, du sang étoilé sortant de sa mâchoire, se répandant sur le sol, derrière elle. Je regarde autour de moi, un sourire aux lèvres. Des vies, des coeurs battant. Je salive... le paradis. Tant de proies de choix... l'âme d'Akura s'approche de moi, je la repousse comme un moustique. Bon, maintenant il est temps de devenir... humaine. La couleur de mes yeux passe du violet au noir. Mes belles griffes deviennent pitoyables ongles. Mon chakra arrête de m'entourer comme une seconde peau. Voilà, je suis devenue Akura... du moins son apparence... cette dernière tente une dernière fois de reprendre le contrôle, puis abandonne. Je lui murmure:
-Tu sais, Akura... je ne vais pas tout détruire comme ce bourrin de Kyûbi... je suis beaucoup plus classe... rester tapie dans l'ombre et attendre de frapper, ça, c'est dans mes cordes...
Je la laisse pleurer, dans un coin de mon esprit. A moins qu'elle ne rassemble ses forces. En tout cas, elle s'est tue. Son âme qui me suit saigne plus qu'avant. Je la regarde, puis lance:
-Toi, tu ne m'aide pas... tu vas éveille les soupçons, dans un tel état...
Bien entendu, la vermine se tait. Tant de malheur me redonne de l'énergie. A voix basse, je murmure:
-Akura... si tu restes bien sage, tranquille, je te laisserai quelques secondes parler à tes amis.
Comme je l'attendais, l'âme de cette mécréante se soigne. A présent, un bandage entoure sa blessure. Voilà, c'est déjà mieux. L'espoir l'a soignée. Je ris. Elle se tait. Puis, admirant mon reflet dans une flaque d'eau, je me dirige vers le bureau de mon ancien bourreau. Le venin se répandra... j'y veillerai.