Retour de mission.

Akiyo se rematérialisa dans le bureau d'Akura. Elle était arrivée la première, et décida d'attendre sa Kage.

Elle se chercha un siège.
"Et c'est reparti", songea-t-elle avec un humour douloureux lorsqu'elle se laissa tomber dans le fauteuil où, quelques heures auparavant, elle s'était assise le temps que l'entraînement d'Akura se termine.

Elle s'alanguit et sembla s'endormir, mais ses yeux brillaient à travers ses paupières mi-closes. Elle restait aux aguets...

Akura ouvrit la porte de son bureau. Elle avait marché, bel et bien marché. Pourquoi? Peut-être parce qu'elle n'avait pas eu envie de se dire qu'elle avait choisi la facilité. Comme en ce jour de neige, où après avoir passé des heures à poser des pierres les unes sur les autres, elle avait construit un portail. Les premier habitants l'avaient regardée, respectueusement, comme s'ils comprenaient son envie de terminer son oeuvre, seule. Elle y avait taillé deux lettres; un E et un A. Elle avait planté avec rage son kunai dans le bois, malgré ses mains ensanglantées et son état d'épuisement extrême. Après l'avoir fait, elle s'était écroulée. Personne alors n'avait compris qu'il fallait prendre soin d'elle...

*Ah la la... tout ça se sont de vieux souvenirs... et maintenant qu'Orochimaru a compris mes intentions, je ferais mieux de ne plus me laisser aller à rêvasser comme elle...*

Elle voulait parler d'Akiyo, qui s'était laissé choir dans son fauteuil habituel. Akura se retint de rire... ou peut-être n'y parvenait-elle pas. Peut-être était-ce ça, ouais...

Elle se dirigea vers un coin du bureau et déroula son nouveau parchemin d'invocation. Sans broncher, elle se mordit le pouce, et à l'endroit où son sang était tombé, une batterie noire apparut. Akura déposa ses baguettes sir la caisse claire et s'assis derrière son bureau. Elle posa ses deux mains squelettiques à plat sur le meuble de bois d'ébène et regarda son bras droit dans les yeux.

-Hello, Akiyo. J'espère ne pas t'avoir trop dérangée... juste une question: tu as encore quelque chose à me dire ou tu préférerais quitter ce bureau? Libre à toi...

[HRPG] : Jolie genèse d'Ea.... Mais je passe pour une flemmarde, moi, maintenant... Razz

Akiyo se redressait lorsque sa chef arriva à son tour. Le bref grincement que la porte avait produit en s'ouvrant avait suffi à la sortir de son état semi-comateux.

Elle contempla sans rien dire Akura qui déroulait un parchemin, et ses yeux scintillèrent de curiosité au moment où l'instrument apparut. C'était magnifique. La batterie, énorme, d'un noir lustré, l'hypnotisait. Elle n'arrivait pas à en détacher ses yeux.

"Où Akura a-t-elle trouvé cela?"

Elle attendit qu'Akura se cale derrière son bureau, et soutint son regard hanté qui semblait lire jusqu'au fond d'elle-même.

-Hello, Akiyo. J'espère ne pas t'avoir trop dérangée... juste une question: tu as encore quelque chose à me dire ou tu préférerais quitter ce bureau? Libre à toi...

Akiyo laissa passer un moment de silence. Ses yeux fixaient un point, au loin, quelque part près de l'épaule de sa Kage.

Puis elle lâcha, d'une voix calme et posée, du ton de celle qui annonce une évidence.

-Je crois que j'ai raté ma mission, hein?

Sa Kage ne savait pas. Elle n'était pas au courant du formidable effort qu'il lui fallait fournir pour que son visage conserve un air de sérénité. Elle ignorait son combat, ses batailles, le sentiment qui l'étreignait, en ce moment surtout, et comme elle se sentait perdue... Elle ne savait plus où elle en était, se sentait déchirée de tous côtés.

Son seul recours avait été d'accomplir sa tâche, de n'être qu'une shinobi comme les autres, toute entière dévouée à la protection d'Ea. Elle ne souhaitait rien de plus que de protéger son village... Elle avait besoin d'un but...

Et à présent, elle avait échoué. Il ne lui restait que des regrets.

Elle eut un geste évasif de la main.
-Non, laisse tomber. Euh, Akura...

Il y avait autre chose dont elle voulait lui parler. Ces derniers temps, elle avait remarqué que le regard de sa Kage se faisait de plus en plus noir, que le désespoir se lisait sur ses traits. Mais elle n'osait pas le lui demander.

Elle se lança finalement, gênée:
-Il y a quelque chose qui ne va pas, en ce moment?

Quand Akura avait déroulé son parchemin et invoqué sa batterie, elle avait vu les yeux d'Akiyo s'agrandir. Elle avait envie de tout raconter à Akiyo... mais non. Elle devait d'abord s'occuper de tous ces trucs ennuyants qu'on qualifiait d'"affaires importantes". Elle vit son bras droit baisser la tête tristement en disant:

-Je crois que j'ai raté ma mission, hein?

Akura éclata de rire: Comment pouvait-on être aussi attaché à un devoir?? A un village?? Elle déclara:

-Qu'est-ce qu'on en a à foutre, de cette mission?? Kumo n'est ni une menace, ni un allié potentiel. Donc il ne sert à rien de se morfondre pour ça... de plus, tu crois vraiment que Ea va tomber en ruine si tu ne réussi pas ta mission?? Tu me fais rire, Akiyo... tu es si attachée à ce qui n'est au final qu'un amoncellement de pierre... bon, je me la joue méchante, là...

Elle s'assit sur son siège de batterie.

-Non, laisse tomber. Euh, Akura...

-Ouais?

Akura, sur le point de lâcher un rythme bien senti, s'arrêta en entendant la petite voix exceptionnellement timide d'Akiyo:

-Il y a quelque chose qui ne va pas, en ce moment?

D'un seul coup, l'envie de rire d'Akura s'évapora. Akiyo la connaissait bien, malgré le fait qu'elle se soient retrouvées tout récemment. Elle fut tentée de tout lui raconter...

Mais non. C'était sa famille, donc son affaire. Elle devait régler ses problèmes seule, sans l'aide de personne. D'ailleurs, elle n'avait envie que personne souffre à cause d'elle. Alors, quitte à devenir folle de chagrin, elle allait se battre... d'un geste furtif, elle essuya ses yeux.

-Non... tout va bien. Tout va très bien...

-Bon, si tu le dis..., répondit Akiyo dans un murmure.

Elle avait très bien vu ce geste, si rapide qu'il en était flou. Akura avait eu, l'espace d'un instant, les larmes aux yeux... Mais pourquoi...Pourquoi?

Elle aurait aimé qu'elle lui confie ses problèmes, malgré le danger que cela impliquait, car elle souhaitait ardemment l'aider. Elle devinait qu'elle en avait plus que besoin, en ces temps troubles... Le bout de ses doigts la démangeait.

Il lui suffisait d'un signe... Elle possédait ce pouvoir en elle. Un signe, et les pensées, les soucis et les doutes d'Akura seraient faits siens. Un signe, et elle pourrait lire dans son coeur comme dans un livre ouvert. Un signe qui lui ouvrirait les portes de son esprit.

Mais non. Même si c'était dans le seul but de la soulager, elle ne pouvait pas se résoudre à capter les pensées de sa Kage. Ce traitement, elle le faisait subir à ses ennemis, et sa "petite soeur" était la dernière presonne à qui elle aurait désiré l'appliquer.

-Je vais y aller.

Elle posa sa main sur la porte, tentant de dissimuler à Akura son visage contracté.

Bien qu'elle ne lise pas souvent dans les pensées des gens, elle possédait une curieuse empathie. Et, bien qu'elle n'en laissât rien paraître, la souffrance de sa Kage la ravageait jusqu'au fond de l'âme...

Dès qu'Akiyo ferma la porte, Akura laissa tomber sa tête qui rebondit lourdement ses épaules. D'un seul coup, elle n'avait plus envie de rien. Au fond d'elle, Kara triomphait: après tout, pour elle, si Akura ne jouait pas, cela correspondait à une victoire... et sa voix résonnait froidement en Akura:

"Tu vois comme tu es faible?? Il t'aurait suffit d'un mot pour obtenir de l'aide, et au lieu de rester enfermée ta petite solitude confortable, tu aurais pu faire changer les choses... que tu es pathétique, Akura... heureusement que je suis là pour te tenir compagnie..."

Elle ne répondit pas: elle n'en avait pas la force. Elle refoula ses larmes en commençant à jouer. Elle ne devrait plus jamais se laisser aller...

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