Retrouvailles.....

Une pause. Akiyo s'arrêta et regarda le ciel. Elle avait marché la journée entière, pour couvrir la distance qui séparait Konoha d'Ea no Kuni. Elle refit un rapide calcul. Partie alors qu'il faisait nuit noire, elle arrivait seulement le soir du jour suivant. « Je n'aurais jamais pensé qu'Ea était si loin de Konoha... » Elle poussa un soupir.
Elle regarda ses vêtements éraflés par la marche. Elle avait faim, froid, et ne rêvait que d'un bain chaud -la cascade glacée ne lui avait pas réussi-. Elle était bien loin de la jeune fille triomphante et rayonnante de bonheur qu'elle avait été lorsqu'elle avait foulé ce sol pour la dernière fois. Pourvu qu'Akura se souvienne d'elle... Pourvu qu'elle s'en rappelle...
Sous les nuages de suie, le soleil était d'un rouge brûlant. Un magnifique crépuscule d'automne... cela lui rappelait le sens de son nom....
« Akiyo... »
A sa mémoire revinrent les voix de tous ceux qui l'avaient prononcé. Certaines, déjà lointaines, lui paraissaient venir d'un autre monde. D'autres s'imposaient à son coeur avec une douloureuse acuité.
Elle s'assit sur la pierre qui bordait le sentier.
« Aki-chan... »
Elle avait le droit. Le droit de s'offrir un dernier flash-back. Le droit de penser, une ultime fois, à celui à qui elle avait dit trop rapidement adieu. Elle baissa la tête, sous le coup d'une immense tristesse, alors que ses yeux viraient lentement au pourpre.
Beaucoup de temps passa...

Akiyo laissa la conscience du Serpent l'habiter et se servit de sa froideur pour calmer son âme. Elle savait faire cela, à présent, et considérait cet aspect de sa possession comme une chance inouïe.
La lumière avait baissé lorsqu'elle reprit le chemin. Le soleil s'était caché derrière les nuages. Mais cela ne l'empêcha pas de déchiffrer le grand panneau qui marquait l'entrée du village.
Quelques caractères, tracés d'une très pâle couleur grise.
Quelques lettres, aussi inssaisissables que le vent.
Quelques traits, la clé de sa liberté.
Akiyo les lut, comme pour mieux s'en persuader. « Ea », et c'était tout.
Elle se sentit inexplicablement heureuse.
Et c'est avec un sourire qu'elle franchit la porte.

Akura avait aperçu quelqu'un entrant dans son village. Comme elle venait de battre quelqu'un quasi-à-mort, on aurait pu deviner qu'elle n'était pas d'excellente humeur...

*Si c'est encore un ninja d'Oto, je vais le torturer jusqu'à ce qu'on entende ses cris à Konoha, et puis je le tuerai, je ne sais pas encore comment, mais je le tuerai...*

Akura apparut devant la kunoichi qui venait de pénétrer à Ea. Il commençait à faire nuit, et elle ne distinguait pas son visage. Avec beaucoup de sérieux, elle lui déclara:

-Je suis Akura, la cheffe de ce village, et...

Mais elle ne finit pas sa phrase. Elle reconnaissait cette personne. Encore quelqu'un qui, peut-être sans le vouloir, rouvrait ses plaies. Akura se souvenait d'Akiyo. Elle savait que, pour elle, quand elle apprenait encore de son père, Akiyo n'était qu'une inconnue. Mais dans son subconscient, elle n'avait pu s'empêcher de considérer Akiyo comme une "grande soeur". Et elle la reconnaissait, même après tant d'années...
Elle tendit la main à la kunoichi et lui sourit chaleureusement, essayant de ne pas paraître trop émue.

-Tu es bien Akiyo Higure, n'est-ce pas?

Sans même attendre la confirmation, Akura lui demanda d'expliquer la raison de sa venue à Ea. Elle attendait sa réponse, sereinement.

Akiyo était tout aussi sereine. C'était une sensation étrange, elle n'aurait su se l'expliquer, un peu comme si les pouvoirs de son démon et ceux des lettres placées à l'entrée du village se combinaient en elle. Un mélange de froideur, de fausse indifférence, qui lui était restée de l'appel du serpent, et d'un rayonnant apaisement, un sentiment sans pareil, qui grandissait à mesure qu'elle observait le visage de la kunoichi qui lui faisait face.

L'espace d'un instant, elle avait vu ses traits se contracter imperceptiblement.
« Oui..., songea-t-elle. Je dois lui rappeler de mauvais souvenirs. J'ai... j'ai sans doute fait une erreur en venant ici... Mon intention n'était pas de la blesser... Je suis vraiment... Une incapable. », termina-t-elle.

Elle eut soudain l'impression que la nuit était plus noire, le vent plus froid.

« Cela à été dur pour moi de revenir à Ea... Alors j'imagine que pour elle... ». Elle n'avait pas le courage de finir.

Mais elle vit soudain l'Eakage lui tendre la main, un sourire chaleureux sur les lèvres.

-Tu es bien Akiyo Higure, n'est-ce pas?

Elle entendit ensuite la question qu'elle redoutait, Akura lui demandant d'epliquer sa venue à Ea.

« Je dois rester calme. »
Et c'est ce qu'elle fit. Avec une maîtrise remarquable, elle exécuta un salut gracieux et glacial. On aurait pu la prendre pour n'importe quelle ambassadrice venue négocier un contrat au nom de son village, ou bien pour une haute dignitaire effectuant un voyage d'agrément. En aucun cas, on ne l'aurait prise pour ce qu'elle était en réalité – une simple paria.

-Mes respects, Eakage-sama. Oui, c'est bien moi. Quant aux raisons de ma venue ici, il se trouve que...

Elle leva le visage, regardant Akura droit dans les yeux.

-Je ne peux malheureusement plus vivre à Konoha.

Silence. Le bruit que firent les cheveux d'Akiyo en glissant sur sa robe lorsqu'elle se releva en parut amplifié. Le doux froissement se repecuta dans la nuit, en un écho infini. Le masque venait de tomber. La jeune shinobi ne pouvait plus dissumuler son émotion. D'une voix brisée, elle murmura :

- Je pense que vous savez pourquoi...

- Je pense que vous savez pourquoi...

Akura vit que Akiyo était troublée. Elle n'était pas d'humeur à y faire attention. Elle se souvenait d'Akiyo, oui. Et à chaque fois qu'elle respirait, sa colère envers Konoha s'amplifiait.

Mais, elle s'arrêta. Son père aussi était... en colère contre Konoha. Donc elle n'allait pas laisser aux autres faire le rapprochement. Elle sourit à Akiyo.

-Hé bien, tu as bien changé, Akiyo. J'imagine pourquoi tu as dû partir... pour la même raison que moi, ou presque... en tout cas, sache qu'à Ea, tu es la bienvenue.

Elle esquissa un geste du bras qui embrassa le village.

-Beaucoup de gens qui n'ont plus de conscience sont là. Ils se sentent en sécurité, car, comme tu le vois, Ea est entourée par quatre montagne. Ce n'est pas utile en cas de siège, mais... seul quatre chemins praticables y mènent. Je t'en parlerai plus tard...

Elle reprit:

-Je sais que tu es une excellente kunoichi, ainsi je t'invite à devenir mon bras droit.

Elle attendait la réponse d'Akiyo. Elle n'était pas troublée par son passé... cette fois.

-Je sais que tu es une excellente kunoichi, ainsi je t'invite à devenir mon bras droit, avait dit Akura.

Akiyo avait senti ses yeux se remplir de larmes. Ainsi tout cela n'avait pas été vain!!! Ainsi elle n'avait pas souffert, abandonné des personnes aimées, vécu des épreuves que les gens normaux n'auraient pas supporté, pour rien!!! Ainsi elle avait un foyer!!!

Son regard brouillé par les larmes se fixa sur Akura, qui souriait. Elle avait pensé que pleurer était reservé aux faibles. Elle ne voulait plus apparaître comme il y a des années de cela, alors qu'elle regardait, désemparée, le chemin par lequel ses parents avait disparu. Il pleuvait, cette nuit-là... Mais à présent, le soir tombait, un soir sans nuage... A présent, le soulagement déferlait sur elle comme une vague bienfaisante, n'ayant rien de commun avec ce qui l'avait opressée dans ces temps de malheur -un affreux sentiment de défaite.

Et elle n'éprouvait aucune honte à pleurer devant Akura.

Mais, au bout d'un moment, la tacticienne qu'elle était reprit le dessus. Akura lui avait décrit la situation géographique du village d'Ea.
"Ce n'est pas si mal placé.", se dit-elle.

Akura aurait pu lui proposer d'habiter dans n'importe quel trou perdu, elle aurait été heureuse. Maintenant, elle aurait enfin un lieu où habiter, qui aurait besoin d'elle pour grandir.
"Oui. Je protégerai Ea, j'en prendrai soin."

Akiyo se sentait renaître. Elle allait habiter dans ce lieu, ce lieu magique, qui pour elle évoquait tant de souvenirs...

-J'accepte, sourit-elle. Et maintenant, Eakage-sama, montre-moi un peu le village...
Le tutoiement était venu sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle se tut.

-Je ne te donnerai pas d'ordres idiots, comme celui de me vouvoyer, ce serai ridicule, tu es plus grande que moi... Je déteste donner des ordres, tout autant que les gens qui obéissent à ces mêmes ordres...

-Ca me va parfaitement, répondit Akiyo, je te comprends tout à fait. Je n'aime pas non plus les gens qui usent et abusent de leur pouvoir, cela m'a d'ailleurs posé quelques problèmes...

Elle souriait à présent, à l'évocation de souvenirs chers. Mais la lumière qui s'était allumée dans ses prunelles s'éteignit très vite. Sa mémoire venait de substituer à ces évènements heureux d'autres, qui lui déchiraient le coeur. Elle revit ce visage, cruel et pâle, grimaçant un faux sourire. Ses parents aussi avaient obéi aux ordres... Elle gémit intérieurement, tandis que le Serpent se réveillait en elle.

"N....Non. C'est fini. Ce pan de ma vie est terminé. Je ne laisserai plus mon passé détruire mon futur."

Elle jeta un coup d'oeil à Akura, qui n'avait pas remarqué son malaise. Elle semblait troublée, elle aussi.
"Et elle?" se demanda Akiyo. "Qu'est-elle devenue durant ces longues années?" Elle mourait d'envie d'en apprendre plus sur Akura, qui lui ressemblait tellement qu'elle la voyait comme une soeur. Mais elle ne voulait pas raviver de vieilles blessures. Elle devinait qu'Akura n'avait déjà que trop souffert...

Mais déjà celle-ci continuait :

- Je vais te faire visiter le village, Akiyo. Ensuite, je te montrerai ta maison, et ... je te laisserai vivre ta vie. Ca te va?

Elle attendait sa réponse.

Akiyo se tourna vers Akura et lui déclara :

-Je ne veux pas simplement vivre ma vie.

Son regard se perdait dans le ciel rouge. Elle répéta :

-Je ne veux pas simplement vivre ma vie. Je veux t'aider, Akura. Je veux que tu puisses me faire confiance, et que ton village tout entier trouve en moi un défenseur. Voilà ce que je demande.

Quelques secondes passèrent.

- Si tu as besoin de moi...

-Je ne veux pas simplement vivre ma vie. Je veux t'aider, Akura. Je veux que tu puisses me faire confiance, et que ton village tout entier trouve en moi un défenseur. Voilà ce que je demande.

Akura eut un haut-le-coeur. A l'intérieur d'elle, au plus profond de son être, une voix sussurait:

"Ils ne veulent que se débarrasser de toi... tu n'es qu'un poids pour eux, un monstre qu'ils veulent tous voir disparaître... réfléchis, Akura... et surtout, arrête de te faire des illusions... puisque tout est de ta faute..."

-Non, murmura Akura... non... tu mens...

"Tu sais très bien que je ne mens pas... tu ne vaux rien... et elle te dit qu'elle veut ta confiance, pour débarrasser le monde de ta présence... ta présence de monstre..."

-Arrête... ARRÊTE!!!

Akura avait hurlé, sans se rendre compte d'où elle était. Lentement, la folie s'infiltrait en elle, sans qu'elle ne puisse rien y faire...

-Laisse-moi... laisse-moi...

A présent, c'était elle qui pleurait. Elle était sur le point de s'évanouir, son coeur battant comme celui d'un chaton. Elle se griffait le visage, en proie à une véritable crise... elle devait reprendre le contrôle... elle ne voulait pas qu'Akiyo découvre sa faiblesse... parce qu'elle n'était pas capable... de faire confiance à quelqu'un à nouveau... pour se retrouver encore pleine de blessures... qui ne cicatriseront... jamais...

Il fallait qu'elle retrouve son calme...

-Akura... Akura...

Akiyo était paniquée. L'espace d'un instant, et tout avait vacillé. Elle avait vu des larmes briller dans les yeux de l'Eakage, elle avait vu ses ongles lacérer son visage. Akura n'allait pas bien. Et tout ça... par sa faute.

Elle n'aurait pas dû prononcer cette phrase.

Et voilà. Une fois de plus, elle n'avait fait que croire à un bonheur illusoire. Une fois de plus, elle avait poignardé ses rêves de ses propres mains. Une fois de plus, elle avait fait du mal à un être cher. Cette fois, ce serait la dernière. Elle allait quitter Ea, elle allait quitter ce monde, pour que plus personne n'ait à souffrir par sa faute. C'avait été un mensonge de croire que quelqu'un aurait besoin d'elle.

"Tu es inutile. Tu n'aurais pas dû venir au monde."

A présent, même si son visage conservait la même expression inquiète, affolée, son corps se transformait. Sous l'impulsion mauvaise de Hachibi, un Chakra brun sombre s'échappait de son être. Elle avait mal, mais ne parvenait pas à pleurer. De sa main droite, elle serra violemment l'endroit où, sous la peau, se trouvait son coeur.

-Je t'ai blessée, dit-elle tristement à Akura qui se calmait. Je n'aurais pas dû venir ici. Depuis le début, je ne sais qu'apporter le malheur. Je suis comme toi, mais je n'ai jamais su faire quelque chose de grand.

-Je t'ai blessée. Je n'aurais pas dû venir ici. Depuis le début, je ne sais qu'apporter le malheur. Je suis comme toi, mais je n'ai jamais su faire quelque chose de grand.

La respiration d'Akura retrouva sa régularité quand elle entendit cette phrase. Elle regarda Akiyo qui se tenait le coeur, paniquée. Akura ne voulait pas qu'Akiyo parte... elle...

-Ne pars pas, je t'en supplie, Akiyo. Je suis désolée si j'ai pu t'effrayer, ce n'est pas par ta faute si je me suis mise dans cet état-là... s'il te plaît, reste. Ea a besoin d'une protectrice autre que moi. Il y a des gens qui n'ont plus qu'Ea comme refuge, et je ne veux pas les laisser tomber. Je ne sais rien de ce que tu as vécu, Akiyo, mais je suis sûre qu'à défaut d'avoir fait quelque chose de "grand,", comme tu dis, tu as une âme bien plus grande et noble que la mienne. Je t'en conjure, ne t'enfuis pas!! Tu a une possibilité de refuge, alors saisis-la, au lieu de te miner le moral, pense à toi avant de penser aux autres...

Elle se tut, pour reprendre sa respiration. Lentement, sur son visage, les blessures s'effacèrent.

-J'ai connu quelqu'un qui faisait toujours passer les autres avant lui... il a très mal fini... et je ne sais même plus où il se trouve... mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas que tu te retrouves dans le même état. Reste à Ea, Akiyo. Si tu ne veux pas, dit-elle avec un sourire, je tiens à te préciser que c'est un ordre.

- Tu as une âme bien plus grande et noble que la mienne...

Une âme? Avait-elle même le droit d'avoir une âme ? Avait-elle même le droit de vivre sa vie? Après tout, elle le savait, elle n'était qu'une "chose", une simple enveloppe qui abritait un poison mortel... Pourquoi serait-elle noble?

Les paroles d'Akura lui parvenaient comme à travers un brouillard. Elle les entendait nettement, les comprenait et aurait voulu y répondre... Mais elle ne le pouvait plus. Les mots apaisants que lui disait Akura arrivaient trop tard. Elle ne demandait qu'à faire marche arrière, mais elle n'y arrivait pas. Et malgré tous ses nerfs, tous ses muscles tendus contre la transformation, elle ne réussissait plus à réagir. Hachibi avait commencé son monstrueux travail de sape.

Sa conscience s'atténuait, à présent. Dans un dernier instant de lucidité, elle comprit ce qu'il lui arrivait.
"Tu vas devenir... incontrôlable"

-Noooooon !!! A...kura....

Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas. Etait-ce seulement une impression, ou venait-on de la saisir par la taille? Non. Elle était seule. Et peu lui importait de vivre ou de mourir. Seulement...

-Pense à toi avant de penser aux autres.

"Désolée, Akura. Permets-moi juste un dernier geste. Je ne veux pas que tu ce pour quoi tu t'es battue si durement tombe en ruine."

Et, tandis qu'Akura lui demandait de rester, elle avait couru. Elle s'était enfuie, le plus loin possible, tournant le dos à Ea et à son Kage. Elle était partie, gémissante, entraînant derrière elle les hordes noires de Hachibi...

"Je te promets de revenir, le plus vite possible. Si je survis..."

Flashs. Les branches raides lui battaient le corps. Mais, plus douloureusement encore, ses souvenirs battaient son coeur. Ce visage... Pourquoi l'avait elle quitté?

Elle avait mal. Sa main était restée crispée sur sa poitrine. Il aurait été si facile d'abandonner, de simplement lâcher prise... A quoi cela servait-il de s'obstiner à lutter? Dormir, fermer les yeux, et laisser l'oubli la submerger... Laisser Hachibi la posséder tout entière. Mais elle ne voulait pas devenir un fléau. C'est pour celà qu'elle avait quitté Ea.

La nuit était tombée. La jeune shinobi, pour la seconde fois, franchit les portes du village. Elle la cherchait.

Akiyo s'avança vers Akura. Elle plongea ses yeux, qui avaient repris leur violet d'origine, dans ceux de celle qui l'avait accueillie. Son visage, comme le reste de son corps, portait de profondes meurtrissures.

Une lumière claire s'éleva de ses paumes, et tandis que le ninjutsu médical agissait, elle murmura doucement, avec un pauvre sourire :

-Certains ordes peuvent être révoqués... Tu as vu ce à quoi tu pouvais t'exposer. Est-ce que tu penses toujours à m'accueillir à Ea?

Elle savait que sa réponse serait décisive.

[HRPG] : Désolée, Akura, j'ai l'impression que je suis vraiment bonne à rien ce soir.... Je trouve que le post du jour n'est pas terrible... Peut-être parce qu'il est minuit et que je suis coincée avec un devoir d'anglais?



Akiyo regardait fixement Akura. Ainsi elle avait attendu... Elle lisait dans ses prunelles un désarroi profond. La chef d'Ea avait passé de longues heures, dans la nuit qui arrivait, dans le froid mordant du soir, elle n'avait pas quitté des yeux le chemin qu'Akiyo avait emprunté. La jeune shinobi eut un pincement au coeur lorsqu'elle vit son ombre solitaire devant les portes. Akura avait renvoyé ses gardes pour l'attendre... Elle n'avait pas voulu lui infliger cela. Pas à elle... Mais elle ne voulait pas non plus détruire son village...

A présent, elle distinguait des visages. Parfaits inconnus, mais qu'elle aurait voulu mieux connaître... Comme ils avait l'air soudés, et heureux ! Elle avait devant elle le petit peuple des parias, les créatures des bas-fonds, auquels Akura avait donné l'oppurtunité de vivre à la lumière.

« Quoi que tu en dises, Akura, tu as réellement créé quelque chose de grand... »

Les villageois sortaient de l'obscurité, lui adressaient la parole. Elle les écouta longuement, à mesure que grandissait en elle un désir profond : être elle aussi un soutien, quelqu'un sur lequel ces gens pourraient s'appuyer en cas de coup dur. Elle ne le comprenait pas, mais c'était ainsi : les mots, les visages de ces êtres lui avaient donné envie de persévérer.

Elle était là, en bordure du village, tremblante sous la morsure d'Hachibi, mais fière, fière de ne pas avoir renoncé. Elle se tenait farouchement campée sur ses deux jambes, et Akura, entourée des habitants du village, lui faisait face, un sourire ayant remplacé son expression tendue. Elle eut tout à coup une impression bizarre : il lui semblait que sa vie s'était muée en théâtre, que des spectateurs invisibles attendaient qu'elle récite sa part de dialogue. Cette scène-ci était le climax, la scène capitale, et elle ne devait absolument pas passer à côté.

Les mots qu'elle prononça alors n'était tirés d'aucune pièce, ils lui venaient directement du coeur. Se tournant vers l'enfant timide et effarouché, qui avait sans aucun doute fait un grand effort sur lui-même pour parler, elle le fixa intensément. Malgré ses yeux pourpres, glacés, aux pupilles fendues de reptile, son regard était infiniment tendre. Elle lui murmura, d'une voix douce et triste.

-Moi aussi, je fais peur, tu sais... Mais sois tranquille, je ne te ferai absolument aucun mal.

Timidement, elle fit quelques pas au milieu des villageois, tentant de graver chaque visage dans sa mémoire.

-Je ne vous laisserai pas tomber... Oui, je veux vous protéger, quoi qu'il advienne...

Elle parvient au niveau d'Akura.

-Pardonne-moi... S'il y a une personne au monde que je ne supporterais pas de vexer, c'est bien toi !

« Il y en a une autre... », pensa-t-elle avec tristesse. Mais elle chassa cette image de son esprit. Elle ne voulait pas montrer ses blessures...

-J'accepte ta proposition, lança-t-elle à Akura, en pénétrant dans le village.