La marche d'Akura

Akura s'était enfoncée dans les ruelles du village de Kiri. A chaque pas qu'elle faisait, toute son histoire lui revenait en mémoire. Elle se revoyait, enfant, cherchant de quoi survivre...

Lentement, elle passa devant une maison condamnée. Elle s'arrêta: elle avait reconnu cette maison. Elle passa sous les bandeaux, avant de pénétrer dans une pièce.

Sous coeur se souleva devant le berceau couvert de sang séché...

Du sang. Du SANG...

Elle tomba à genoux et vomit sur le plancher, pleurant tout ce qu'elle n'avait pas pleuré. Elle savait que ça allait être trop dur pour elle, de remonter le temps ainsi... maintenant, tout lui revenait... TOUT...

Elle vit le bébé. Elle vit sa main d'enfant l'étouffer et déchirer son corps. Elle vit l'enfant pleurer, elle se vit elle, Akura, ses yeux devenus écarlates, avalant le coeur de l'enfant... elle entendit les cris de la mère, épouvantée, et le bruit que fit son corps détruit en tombant...
Et, pire, que tout, elle sentait le goût du sang, et le monstrueux plaisir que lui avait procuré la mort de la famille.

Akura rampa, s'accrochant désespérément à un rebord de fenêtre pour se relever. Elle n'osait plus jeter de coup d'oeil au landau...

Elle sortit de la maison, regrettant cette halte...

Elle continua sa marche, son coeur battant plus fort que jamais.

Elle finit par arriver dans une rue sombre.

Sur un mur, quelqu'un avait écrit un nom avec du sang.

Akura savait qui c'était. Elle caressa du bout des doigts les lettres de sang qu'elle avait peinte à huit ans. Elle se sentait à nouveau prête à vomir, comme si ça pouvait la purifier... de toutes les souffrances... de tous les meurtres... de toute la solitude... et de ce sentiment de dégoût absolu... oh, comme elle détestait ce qu'elle était devenue...

Elle avança encore un peu plus, dans la petite ruelle qui avait dû être jolie, à une époque. Elle s'arrêta, stupéfaite.

Quelqu'un l'attendait. Ce quelqu'un la regarda d'un air surpris. Lui aussi passait sa main sur le sang. Akura eut un mouvement de recul.

-Akura...

C'était Haku. La personne qu'elle aimait le plus au monde.

-Haku? Qu'est-ce que...

Il s'approcha d'elle en murmurant:

-Pourquoi tu devrais toujours te sacrifier? Tu nous a tous laissé là-bas, à Konoha... j'ai entendu parler de ton nouveau village...

Akura hocha la tête. Comme une imbécile, elle pleurait. Une chose de plus qu'elle ne voulait pas faire.

-Haku... je suis...

Elle mourrait d'envie de se jeter dans ses bras. Elle savait que si elle acceptait la main qu'il lui tendait, elle reverrait les êtres qui lui était les plus chers... elle pourrait à nouveau avoir... une famille...

Mais une voix en elle, sèche, cassante, un souvenir omniprésent, la fit trembler.

-Encore une fois, on se retrouve, ma chère Akura...
Elle essaya de répondre, de bouger, mais ce fut le sang et l'écume qu'elle cracha. Rien d'autre. Le sourire d' Orochimaru s'élargit.
-... Et cette fois c'est bien fini. Tu va mourir, comme tes amis. Ton cadavre traînera dans la poussière. Comme eux. Ton existence va prendre fin, aussi misérablement que la leur... Et dire que si tu avais arrêté de résister, tu aurais pu les sauver...
Elle poussa sa voix, jusqu'à émettre un faible son.
-Non...
La langue de son père enserra son cou presque affectueusement.
-Et si, Akura. Ta vie... consacrée à ces êtres misérables. Ta vie est bien finie. A cause de ta résistance. Pourquoi lutter? Par principe? Mais le principe... Autorise-t-il des meurtres comme les tiens?
Akura pleura amèrement, les larmes et le sang se mélangeaient sur son visage. Orochimaru resserra son étreinte.
-Tu m'aurais rejoint, Akura... Ta vie aurait été plus agréable... et tu aurais évité la mort de ceux que tu aimes... Enfin, que tu aimais.
Akura regarda avec effroi Orochimaru faire apparaître du chakra dans sa main droite.
-Et maintenant, tu vas mourir comme Haku...
Le raïkiri...

Elle resta pétrifiée. Haku la regarda et, comme s'il pouvait lire dans ses pensées, déclara:

-Tu sais très bien que ce n'était qu'un rêve... pourquoi refuses-tu de revenir?

-J'ai des ennemis, et surtout un ennemi plus fort que bien d'autres. Je ne veux pas que vous souffriez par ma faute. Il pourrait vous faire du mal, et je ne veux pas que mes amis... et surtout que toi, tu meures...
Je ne peux plus reculer, maintenant. J'ai été bannie, et je ne peux plus revenir à Konoha, de toutes manières. Et...

Haku tenta de l'enlacer mais elle se déroba.

-... tu sais très bien... que je ne te mérite pas... et que je pourrais te tuer... comme ça... par pure folie... tu le sais, tu es le mieux placé pour le savoir...

-Oui, mais...

Akura secoua la tête.

-Trouve-toi quelqu'un d'autre. Vis ta vie... et laisse-moi. A force de ne plus se revoir, on finira bien par ne plus s'aimer...

-Mais tu sais que je t'aime!!!

-Moi aussi, je t'aime...

*... mais je ne peux pas t'aimer sans que tu risques de mourir... alors il vaut mieux que je disparaisse de ta vie...*

Elle jeta un coup d'oeil au mur, avant de disparaître dans un nuage de fumée noire.

Sur le mur, une phrase...