Au coeur de la résidence

Le dernier rayon de soleil crépusculaire éclairait d'une lueur écarlate de la pièce spacieuse qu'était la nouvelle chambre d'Akura. Accoudée à la fenêtre, accoutrée d'un kimono violet sombre, cette dernière observait le luxueux jardin de la résidence principale d'Orochimaru et ses ninjas. Ses yeux dénués d'expression rougeoyaient sous la lumière du couchant. Elle soupira, presque imperceptiblement, avant de faire coulisser une porte qui lui permettait d'accéder au dehors. Elle chaussa ses sandales, fit un pas dehors, et entendit une voix;

-Bonsoir, Akura.

Elle se retourna, s'agenouilla devant l'individu.

-Sire Orochimaru, dit-elle d'une voix froide, à peine ironique, ne faisant pas plus de bruit qu'une plume.

-Je ne t'ai pas vue de la journée, fit son père tranquillement. J'imagine que tu en as profité pour exploré la demeure. Ta chambre te convient-elle?

-Oui, elle me convient parfaitement. Et oui, j'ai... visité.

L'homme-serpent sourit, puis pris la parole.

-Si, sans kage, Oto ne sombre pas dans le chaos, c'est grâce à moi et les ninjas qui me servent. J'ai rassemblé les ninjas les plus puissants de ce monde, formant ainsi une grande tribu dont je suis le chef. Beaucoup de gens font appel à nous pour des missions, principalement des assassinats. Cependant, je nourris d'autres ambitions...

Son sourire s'agrandit.

-... enfin, je nourrissais d'autres ambitions. A présent que tu es là, il ne me reste que très peu de choses à faire.

Il se tut quelques instants, et fixa Akura. Cette dernière détourna le regard pour observer les carpes koï nageant dans le bassin à quelques mètres d'eux. Les poissons filaient paresseusement dans l'eau et, un bref instant, Akura les envia. Décelant le rapide changement d'expression sur le visage de sa fille, Orochimaru intervint.

-Nous devrions bientôt recevoir des nouvelles d'Ea. J'ai envoyé un messager il y a quelques jours là-bas.

-Peut-être que le village est tombé, murmura Akura...

Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée ici, sa voix semblait manifester un semblant d'émotion. Et elle exprimait du trouble. Le véritable chef d'Oto haussa les sourcils.

-A ce que je vois, tu n'es toujours pas convaincue du bien-fondé de ta décision.

-Tu as tort, le coupa brutalement Akura, oubliant en même temps de le vouvoyer. Aussitôt le manche droit du kimono de l'adolescent se teinta de rouge.

-Fais voir ton bras, ordonna Orochimaru d'un ton sans réplique. Cette dernière le lui tendit, retroussant en même temps le tissu tâché. C'est bien ce que je me disais, reprit-il en fixant le bras de sa fille. Tu n'a pas su te calmer, et tes plaies se sont rouvertes.

Quelqu'un pénétra dans le jardin, s'agenouilla devant les deux personnes.

-Sire Orochimaru.

-Tu peux t'asseoir, Mahu. As-tu des nouvelles du village de l'air?

Akura, le bras toujours tendu, remarqua que son père n'avait absolument pas peur que quelqu'un l'espionne. Par contre, le messager semblait plus prudent

-Je vous en parlerai plus tard, en privé...

-Bien. Tu peux disposer.

Puis il lâcha le membre d'Akura, qui laissa le tissu recouvrir son épaule et son bras. Elle ne saignait plus.

-Ma fille... qu'espère-tu?

Elle déglutit.

-Plus grand chose, à présent.

Elle se leva et pris congé d'Orochimaru, sans en demander l'autorisation. Une fois rentrée dans sa chambre, elle se laissa tomber sur son lit.

Une semaine avait passé depuis l'arrivée d'Akura à Oto. Une semaine avait suffit à la transformer. Chaque jour la rassurait de plus en plus au sujet de son choix et elle avait finit par se convaincre qu'elle avait agi juste. Il lui arrivait souvent de sourire, seule devant la glace.

Comme ce soir, où elle se brossait les cheveux, admirant son reflet dans le miroir. Sa peau laiteuse, ses yeux noirs agrandis sur son visage, la cascade noire qui ruisselait sur ses épaules et dans son dos... elle se sentait belle. Elle l'était, d'ailleurs, elle n'en doutait plus. Le feu des bougies éclairaient la pièce faiblement depuis le coucher du soleil, mais elle ne s'en souciait pas. Elle continuait de brosser ses cheveux, mi-méchaniquement, mi-nonchalamment, chantonnant à voix basse... son ouïe améliorée par les jours d'entraînement détectaient tous les bruits de la résidence, les ninjas intrépides s'entraînant encore, les discussions des espions... rien ne lui échappait...

Soudainement, une ombre passa fugitivement derrière elle, elle l'aperçut à travers le miroir.

Une fraction de seconde, largement suffisante. Elle fût sur l'ombre, planta son arme dans... le bois. Ses yeux s'écarquillèrent.

-Comment...

"Cela faisait depuis longtemps..."

Akura se retourna, se détendit en apercevant le fantôme de sa mère.

-Ah, ce n'est que toi... comment me trouves-tu?

Sa mère fronça les sourcils.

"Akura... qu'as-tu fais?"

-J'ai pris une décision qui arrange tout le monde, voilà tout, fit-elle d'un ton suave en se laissant tomber sur son lit. Et toi, que fais-tu ici, loin de la clairière que tu n'étais pas sensée avoir le droit de quitter?

Sa mère soupira.

"J'ai fais tout ce chemin pour toi, c'est ton âme qui a crié à l'aide. Et on dirait que j'ai bien fait..."

L'attitude de sa fille se modifia imperceptiblement. Un grognement sonore s'éleva du fond de sa gorge.

-Laisse-moi. Je ne suis pas ici pour qu'on me fasse la leçon...

"Tu n'es plus la même, ton regard a changé", fit remarquer le fantôme d'un air réellement peiné. "Tu as décidé de suivre la plus mauvaise voie en te mettant à disposition de ce..."

-Ah, orochimaru tu veux dire? Celui qui t'a trompée, assassinée et se sert de ton enfant? Fit Akura d'un air innocent.

Son interlocutrice recula sous le choc, des larmes pareilles à des perles coulèrent le long de ses joues. Sa fille se leva et s'approcha d'elle, tranquillement, et sa voix fût d'autant plus terrifiante qu'elle était d'un calme absolu;

-Quoique tu puisses faire, tu n'es plus en mesure de m'empêcher de choisir. Alors si tu veux un conseil, ne me tentes pas, car je ne suis pas sûre que j'arriverai à me retenir de te faire du mal...

Puis avec une rapidité et une violence stupéfiante un chakra d'une couleur bleu-violet l'entoura, et elle... elle poussa le fantôme.

"Mais que..."

-Je t'ai dit de partir...

"Tu es devenu un monstre."

Ce furent les derniers mots de sa mère...

Cette nuit-là.